Dimanche soir, Amber Rudd a démissionné après plusieurs semaines de polémique. Des immigrés arrivés légalement au Royaume-Uni et leurs descendants s'étaient retrouvés menacés d'expulsion.
Sur la sellette depuis plusieurs semaines, la ministre de l'Intérieur britannique, Amber Rudd, a fini par démissionner dimanche, emportée par un double scandale lié aux questions migratoires. Pour la première ministre Theresa May, qui était très proche de la partante, ce départ est un coup dur.
La génération Windrush
Amber Rudd finit par payer le scandale Windrush, du nom de l'Empire Windrush, le premier navire chargé de Jamaïcains à accoster à Londres, en 1948, afin de reconstruire le pays après la guerre. Ce bateau sera le premier d'une longue lignée, puisque 550.000 Caribéens profiteront des facilités offertes par le Royaume-Uni aux membres du Commonwealth pour gagner son sol. En 1973, cette possibilité prend fin, mais les personnes arrivées avant cette date sont considérées comme britanniques à part entière, même si le ministère de l'Intérieur n'entreprend alors aucune démarche pour les recenser. Une erreur que certains payent aujourd'hui. La carte d'identité n'est pas obligatoire au Royaume-Uni et, bien souvent, les populations concernées sont trop pauvres pour voyager: elles n’ont donc jamais fait faire de passeport. Si bien que ces personnes se retrouvent aujourd'hui incapables de justifier leur identité..
Pendant des années, cela ne leur pose cependant aucun problème. Jusqu'en 2013, lorsqu'un changement de politique, sous l'impulsion de la ministre de l'Intérieur de l'époque, Theresa May, vient compliquer leur situation. Il est décidé de créer un «environnement hostile» aux immigrés illégaux. Les employeurs, les médecins ou les propriétaires sont incités à les dénoncer, sous peine d'amende. Nombre de membres ou de descendants de la «génération Windrush» sont confondus avec des sans-papiers. Ils sont contraints de devoir présenter des preuves de leur présence au Royaume-Uni pour chaque année, sous peine d'expulsion.
Quotas
Des articles de presse illustrent ces situations, parfois aberrantes, contribuant à alimenter un scandale dont Theresa May ne semble pas percevoir l'ampleur. La première ministre refuse dans un premier temps de recevoir une délégation d'ambassadeurs de 12 pays dont sont issus les membres de la génération Windrush. Elle s'était cependant excusée quelques jours plus tard lors d'un sommet du Commonwealth tandis qu'Amber Rudd assurait dédier une équipe entière à la régularisation des cas.
Le calme n'est cependant pas revenu pour la ministre de l'Intérieur. Les appels à la démission se sont multipliés ces dernières semaines, allant de pair avec de nouvelles révélations sur des quotas d'immigrés à expulser, fixé par le ministère. Amber Rudd se défend de l'existence de tels quotas, mais la publication dans la presse de documents prouvant l'inverse aura provoqué sa chute.
Amber Rudd aura donc joué le rôle de fusible, payant les politiques mises en place à l'époque par Theresa May. La première ministre n'est peut-être pas tirée d'affaire pour autant. Cette démission intervient quelques jours avant des élections locales qui s'annonçaient déjà compliquées pour les conservateurs. Le vote protestataire pourrait être amplifié par ce scandale.
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