Le procès des attaques du 13 novembre 2015 s'est ouvert mercredi à Paris, un événement déjà qualifié d'"historique" dans un palais de justice transformé en bunker et protégé par un important dispositif policier. Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos des attentats s'est présenté comme "un combattant de l'État islamique" lors de l'ouverture du procès.
Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et traumatisé la France le 13 novembre 2015, a pris place mercredi 8 septembre dans le box des accusés. Dès l'ouverture du procès historique de ces attentats à Paris, alors qu'il était interrogé ensuite sur sa profession, il a répondu : "j'ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'État islamique".
Barbe noire dépassant de son masque de la même couleur, cheveux sombres mi-longs coiffés en arrière, tee-shirt noir, Salah Abdeslam se tenait dans le box, entouré de nombreux gendarmes et discutant avec ses avocats, Me Olivia Ronen et Martin Vettes.
Dix autres accusés sont présents à ses côtés dans le box, et trois autres, qui comparaissent libres sont assis sur des chaises. Dans la grande salle de 550 places ont pris place une majorité de robes noires d'avocats, et quelques dizaines de parties civiles et de journalistes.
Des kamikazes devant le Stade de France, des armes de guerre en plein Paris, 130 morts : la nuit du 13 novembre 2015, "la France toute entière a été plongée dans l'horreur", a rappelé mercredi matin le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, au micro de BFMTV et RMC. "Ces événements sont entrés par effraction dans les mémoires et notre mémoire collective", a insisté le garde des Sceaux, pour qui le défi du procès est double : que la justice "soit rendue conformément aux règles qui sont les nôtres depuis des siècles et que nous soyons au rendez-vous logistique".
Périmètre de sécurité autour du palais de justice
Au bord de la Seine, les abords du vieux palais de justice étaient bloqués depuis l'aube par un large périmètre de sécurité. Sous l'œil de joggeurs, de cyclistes et de touristes étonnés ou parfois agacés, les forces de l'ordre vérifiaient les laissez-passer de tous ceux qui se dirigeaient vers le palais pour ce procès hors norme.
Les portes d'accès se sont ouvertes à 10h pour les centaines de parties civiles, d'avocats et de journalistes attendues. Près d'un millier de membres des forces de l'ordre seront mobilisés pour la sécurité du procès, dont 630 aux abords du palais et à l'intérieur, selon le ministère de l'Intérieur.
Un convoi ultrasécurisé pour transporter Salah Abdelslam
Dans la matinée, sous l'œil des caméras, un convoi ultrasécurisé avait quitté la prison de Fleury-Mérogis, où le seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est depuis plus de cinq ans incarcéré à l'isolement total.
Le Franco-marocain de 31 ans est le "dixième homme", seul membre encore en vie des commandos téléguidés par l'organisation de l'État islamique (EI) qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Saint-Denis et à Paris.
La cour d'assises spéciale doit juger 20 accusés, soupçonnés d'être impliqués à divers degrés dans la préparation des attaques. Dix ont pris place dans le box aux côtés de Salah Abdeslam. Trois autres, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres.
Six autres enfin sont jugés par défaut, dont le donneur d'ordres et vétéran du jihad Oussama Atar, et les "voix" françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.
Les deux premiers jours d'audience seront essentiellement consacrées à l'appel des parties civiles.