Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
La deuxième semaine d’auditions publiques s’est achevée à la Chambre des représentants. Les uns après les autres, les témoins ont pilonné sa ligne de défense, mais Donald Trump n’a pas perdu une once de son terrain : tous les républicains continuent de le soutenir. À chaque audition, les républicains dénoncent la procédure et tentent de ramener le débat sur le fils de Joe Biden ou sur de supposées interférences de l’Ukraine dans le scrutin de 2016, pourtant qualifiées de fictions jeudi par une diplomate.
Protégé
Les témoins l’ont affirmé : oui, il y a bien eu un marché proposé aux Ukrainiens : une invitation du président à la Maison Blanche contre l’ouverture d’enquêtes. Oui, Rudolf Giuliani, l’avocat personnel du président a bien déployé un réseau parallèle au canal diplomatique habituel et ses actions étaient approuvées par le secrétaire d’État. Oui, les Ukrainiens étaient au courant de la suspension de l’aide militaire et ils s’en inquiétaient.
Mais personne n’a pu affirmer avoir reçu de Donald Trump lui-même des directives. La Maison Blanche interdit aux hommes qui pourraient le faire, en premier lieu à son avocat Rudolf Giuliani, de comparaître devant le Congrès. Et le président continue de clamer son innocence. Son électorat lui reste fidèle. Seuls 21% des Américains disent suivre de près la procédure de destitution.
Les prochaines étapes
Sauf nouveau témoin surprise, la séquence des auditions est désormais terminée : une quinzaine de personnes ont été entendues à huis clos, puis en public pour douze d’entre elles. La commission du renseignement doit maintenant rédiger ses conclusions. Elle transmettra son rapport à la commission judiciaire de la Chambre dès le début décembre, selon les médias américains.
Les membres de cette commission seront ensuite chargés d’établir les articles de l’acte d’accusation de Donald Trump. Ils pourront organiser de nouvelles auditions, et cette fois le président pourra directement être représenté par un avocat.
Les membres de la commission s’appuieront aussi sur des documents, moins nombreux que ce qu’ils pouvaient espérer, puisque la Maison Blanche a refusé de coopérer.
Une fois l’acte d’accusation rédigé, il sera soumis au vote de la Chambre réunie au grand complet. Il devrait être adopté car les démocrates ont la majorité : c’est ce qu’on appelle l’impeachment. Les démocrates espèrent qu’il sera voté d’ici la fin de l’année. La seconde phase de la procédure se déroule ensuite au Sénat. Il faudrait que vingt républicains lâchent Donald Trump pour le destituer. L’hypothèse est hautement improbable.
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