La République en marche (LaRem) a présenté lundi ses 19 premiers candidats investis pour les municipales du printemps 2020, grâce auxquelles le mouvement entend ancrer son maillage local en soutien à la politique “progressiste” d’Emmanuel Macron. Deux semaines après l’installation de la Commission nationale d’investiture (CNI) co-dirigée par la députée Marie Guévenoux et l’ancien ministre Alain Richard, le mouvement dirigé par Stanislas Guerini a présenté ce premier panel lors d’une conférence de presse à Paris.
“Nous avons besoin d’élus locaux progressistes répartis sur le territoire pour réussir le projet de transformation du pays que nous portons”, a dit le délégué général en présence de parlementaires (François Patriat, Guillaume Chiche, Laetitia Avia, notamment) et de membres du gouvernement (Marlène Schiappa, Julien Denormandie).
Stanislas Guerini a fixé comme “première barre” de “multiplier par cinq” le nombre d’élus locaux LaRem, actuellement au nombre de 2.000 environ. D’ici décembre, la CNI annoncera par vagues les investitures décidées pour les villes de plus de 9.000 habitants. Les plus petites communes peuvent aussi demander le sceau du parti présidentiel, qui peut également adouber un candidat sans que ce dernier ne le demande.
Pour être investis, les candidats doivent adhérer à une charte de principes et de valeurs incluant la priorité donnée à la transition écologique, le respect de la parité sur les listes et l’engagement de faire barrage à l’extrême droite. “Nous serons partout à nos responsabilités là où il pourrait y avoir un risque de bascule en faveur du Front National”, a dit le délégué général, qui continue à baptiser par son ancien nom le Rassemblement national dirigé par Marine Le Pen, arrivé en tête aux élections européennes du 26 mai.
UN CANDIDAT LAREM CONTRE ROBINET À REIMS
Avoir mené une “campagne active” contre LaRem à ce dernier scrutin est incompatible avec une investiture, a aussi précisé Stanislas Guerini. Objectif affiché du patron des “marcheurs” : renouveler usages et visages en amenant à la politique des gens qui n’en faisaient pas auparavant, ce qui constitue l’ADN d’En Marche, mouvement “ni de droite ni de gauche” créé en 2016 pour porter Emmanuel Macron au pouvoir.
Parmi les candidats déjà désignés figure Gérard Chemla à Reims (Marne), qui affrontera donc l’actuel maire Les Républicains, Arnaud Robinet, un temps considéré comme “Macron-compatible” mais qui avait soutenu aux européennes la liste LR emmenée par François-Xavier Bellamy. Egalement désignés, les députés Cécile Muschotti à Toulon (Var) et Romain Grau à Perpignan (Pyrénées-Orientales) mèneront bataille sur des terres où l’extrême droite est bien implantée.
Le maire sortant de Nevers (Nièvre), Denis Thuriot, fait aussi partie des premiers investis présentés sur scène par le député Pierre Person, délégué général-adjoint de LaRem, tout comme Yannick Chemin, candidat à Saint-Maurice-le-Vieil, village de 370 habitants dans l’Yonne, et Raphaël Bernardin, premier maire LaRem de l’histoire à la faveur d’une élection disputée fin 2017 à Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn.
A Lyon, où l’ancien ministre Gérard Collomb n’a pas encore fait acte d’investiture, mais aussi à Lille, Roubaix, Nice, Marseille ou Toulouse, un casse-tête s’annonce avec l’émergence d’ambitions venus de tous horizons. La CNI y fera face “avec calme”, a promis Alain Richard, qui souhaite que les demandes lui parviennent “le plus tôt possible”.
MACRON ARBITRE ? “EN AUCUN CAS”
Dans le cas particulier de Paris, où le parti majoritaire espère ravir l’hôtel de ville à la socialiste Anne Hidalgo, la tension est déjà forte avec la constitution d’un front “anti-Griveaux” via la publication ce week-end d’une lettre de quatre des six candidats - Cédric Villani, Anne Lebreton, Hugues Renson et Mounir Mahjoubi - réclamant la tenue d’une “consultation citoyenne” pour choisir le poulain de LaRem.
Un processus différent de celui annoncé, qui prévoit un “grand oral” devant la CNI le 9 juillet, avec annonce du vainqueur le lendemain. Les concurrents de Benjamin Griveaux redoutent que cette procédure ne favorise l’ancien porte-parole du gouvernement, considéré comme proche d’Emmanuel Macron. Pas question de changer les règles, confirmées lors du bureau exécutif de lundi matin.
“Parler de processus verrouillé, c’est mettre en cause la CNI”, a répondu Marie Guévenoux à ce mouvement de mauvaise humeur. A la question de savoir si Emmanuel Macron tirait les ficelles en coulisses, Stanislas Guerini s’est inscrit en faux. “Qu’il puisse regarder, se tenir informé et intéressé par des situations locales cela me semble naturel mais en aucun cas il ne jouera un rôle d’arbitre”, a-t-il dit. Quant au sort d’éventuels ministres candidats, “ce n’est pas à moi de dire quelle sera la jurisprudence”, a ajouté le député de Paris.
Edité par Yves Clarisse
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