C'est un appel inédit qu'ont lancé lundi trois personnalités en réclamant la démission de l'ensemble des évêques en France, comme seule réponse "honorable", selon eux, aux conclusions du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église catholique.
Par ailleurs, sous les hashtags #AussiMonÉglise et #MyChurchToo sur Twitter, des catholiques s'indignent ou se mobilisent, depuis vendredi, pour réformer leur église.
"Aux victimes qui nous lisent, pardon. Pardon de ne pas avoir été là pour vous, hier", a lancé Erwan Le Morhedec, influenceur catholique et auteur du blog koztoujours.
Dans un texte transmis à l'AFP, trois personnalités ont réclamé lundi "la démission collective de l'ensemble des évêques en exercice" -- au nombre de 120 en France --, "comme un signe d'espoir et de renouveau".
Il s'agit du cofondateur de l'association de victimes La parole libérée (aujourd'hui dissoute) François Devaux, de la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien Christine Pedotti et de la théologienne Anne Soupa, qui milite depuis plusieurs années pour donner davantage de place aux femmes dans la gouvernance de l'Église.
Selon eux, la démission "est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes. C'est un premier acte de repentir concret, coûteux, à l'égard des victimes. C'est la seule attitude qui peut permettre de restaurer la maison Église".
C'est aussi "la seule façon de rendre possible l'indemnisation des victimes car la faillite de l'institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu'ils n'ont pas commises", détaillent-ils.
Des centaines de milliers d’abus
Dans son rapport publié mardi dernier, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216.000 le nombre de mineurs victimes d'un prêtre ou d'un religieux en France depuis les années 1950, et à 330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l'Eglise.
"Le rapport Sauvé dit que la pédocriminalité est un phénomène systémique. C'est donc l'ensemble du corps - institutionnel - qui doit réagir", a déclaré à l'AFP le père Pierre Vignon. "Les évêques sont responsables, dans l'ensemble du corps - même s'il ne s'agit pas de la responsabilité personnelle de l'un ou l'autre."
Tous rappellent qu'en Allemagne, en juin, un des cardinaux les plus influents du pays, l'archevêque de Munich Reinhard Marx, a demandé au pape François d'être démis de ses fonctions, tirant les conséquences de l'"échec", selon lui, de l'Église catholique dans "la catastrophe des abus sexuels", notamment dans le diocèse de Cologne, le plus important du pays. Une demande qui sera ensuite rejetée par le pape.
Trois mois avant, un rapport accablant avait révélé que des centaines de mineurs avaient subi des violences sexuelles dans le diocèse de Cologne entre 1975 et 2018, et que plusieurs responsables religieux s'étaient tus.
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