La France, l’Allemagne et l’Espagne ont signé lundi un accord cadre de coopération pour développer le système de combat aérien qui doit remplacer les Rafale et Eurofighter à l’horizon 2040. Paris et Berlin prévoient de dégager 150 millions d’euros d’ici fin 2019 et au total 4 milliards d’ici 2025, dont 2,5 milliards pour la France, selon le ministère des Armées.
La participation industrielle et financière de l’Espagne n’est pas encore fixée. Airbus et Dassault Aviation, qui pilotent le projet de “système de combat aérien du futur” (SCAF) comprenant un chasseur, des drones et un “Air Combat Cloud”, ont signé un accord industriel et remis des offres conjointes pour lancer la première phase de construction des démonstrateurs. L’objectif est d’effectuer un premier vol réel d’ici à 2026.
Avant la signature de l’accord courant jusqu’en 2030 par les ministres de la Défense, Florence Parly, Ursula von der Leyen et Margarita Robles, Emmanuel Macron a dévoilé la maquette du futur chasseur au Salon aéronautique du Bourget (Seine-Saint-Denis). D’autres Etats européens sont intéressés et pourraient rejoindre le projet au moins comme observateurs, dit-on à Paris.
Le futur chasseur devrait avoir au moins un concurrent européen, le Tempest, dont le Royaume-Uni a annoncé le développement avec BAE Systems et le groupe italien Leonardo. Emmanuel Macron a déploré lundi la concurrence “ridicule” entre Européens dans certains domaines, sans montrer du doigt le projet britannique mais en évoquant les avions de combat.
“La concurrence entre Européens, quand elle nous nuit par rapport aux Américains, aux Chinois, ou aux autres, est ridicule”, a dit le président français à des journalistes. Dassault Aviation et Airbus espèrent se voir notifier le contrat de la phase initiale de démonstration d’ici au quatrième trimestre 2019, précisent les deux groupes dans un communiqué.
“Cette phase de démonstration couvrira la période allant de 2019 à la mi-2021 et marquera le point de départ du développement des démonstrateurs et des technologies du chasseur de nouvelle génération (NGF), des drones d’appui (Remote Carriers) et d’un ‘Air Combat Cloud’ (ACC), en vue d’un vol inaugural d’ici à 2026”, ajoutent-ils. Le chasseur sera fabriqué par Dassault et Airbus, sous la maîtrise d’oeuvre de Dassault.
Airbus assurera la maîtrise d’oeuvre des drones d’appui et du “Air Combat Cloud”. Safran et le groupe allemand MTU Aero Engines sont chargés de développer un nouveau moteur. Thales et MBDA (Airbus, BAE Systems et Leonardo) participent également au projet. L’Allemagne est leader sur le projet de char franco-allemand, second équipement sur lequel Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel ont décidé de coopérer en juillet 2017.
La France espère que les responsables politiques allemands parviendront rapidement à s’accorder sur les futures règles d’exportation communes avec la France, qui doivent permettre d’éviter qu’un pays bloque la volonté de l’autre d’exporter des armements conçus en commun. Sans cette assurance, la viabilité de tout projet serait fragilisée, prévient Paris.
Michel Rose, avec Jean-Baptiste Vey et Sophie Louet à Paris, édité par Yves Clarisse
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