Un jury composé de sept hommes et cinq femmes doit prendre place mercredi à San José, en Californie, pour décider lors d'un procès très médiatique du sort d'Elizabeth Holmes, ancienne star de la Silicon Valley qui risque jusqu'à 20 ans de prison.
Sa start-up, Theranos, prévoyait de produire à grande échelle des outils de diagnostic plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels. Ses méthodes, décrites comme révolutionnaires, étaient censées permettre jusqu'à 200 analyses à partir de quelques gouttes de sang.
Mais les machines n'ont jamais fonctionné. Et selon le parquet, l'ex-entrepreneuse a menti aux investisseurs, médecins et patients pour lever des fonds -- plus de 700 millions de dollars en tout.
Onze accusations pèsent contre elle -- neuf de fraudes et deux pour association de malfaiteurs. Les procureurs estiment en effet qu'elle s'est entendue avec Ramesh "Sunny" Balwani, son ancien chef des opérations -- et son amant pendant un temps.
La défense compte plaider que son associé et ex-petit ami, de 19 ans son aîné, la contrôlait et abusait d'elle psychologiquement.
Kevin Downey, l'avocat d'Elizabeth Holmes, a d'ailleurs demandé aux jurés potentiels la semaine dernière s'ils avaient déjà subi des "abus dans le cadre de leurs relations intimes".
Le procureur Jeffrey Schenk a lui cherché à savoir s'il y avait des individus proches des milieux médicaux dans la salle.
Ces jurés pourraient ne pas être impartiaux si le parquet fait appel à des psychologues pour contrer l'idée selon laquelle Elizabeth Holmes n'était pas responsable de ses actions.
Témoignages de haut rang
"L'accusée est présumée innocente. Il revient à l'Etat de prouver la réalité de ces accusations sans aucun doute possible", a déclaré le juge Edward Davila pendant le processus de sélection.
Il a aussi indiqué que le procès est parti pour durer au moins 13 semaines. Il a été retardé à plusieurs reprises, notamment parce que l'accusée a accouché début juillet. Ramesh "Sunny" Balwani doit être jugé séparément.
Les personnes convoquées pour faire partie du jury ont pour la plupart admis avoir déjà lu un titre ou un article, vu un documentaire ou même lu un livre sur Theranos, tant l'affaire a défrayé la chronique depuis les premières révélations dans le Wall Street Journal en 2015.
Mais les jurés ont assuré se sentir capables de porter un regard neutre sur Elizabeth Holmes, qui a lancé son entreprise en 2003, à 19 ans.
En matière de preuves, ils devront se fonder essentiellement sur des témoignages.
La base de données du laboratoire de Theranos a bien été remise sur un disque dur au gouvernement en août 2018, mais l'entreprise a ensuite été démantelée, ainsi que ses serveurs, rendant impossible la lecture de la copie.
Sur la liste de potentiels témoins, on trouve des noms connus, comme l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger, l'ancien ministre de la Défense James Mattis, qui ont fait partie du conseil d'administration de Theranos, ou encore le magnat des médias Rupert Murdoch.
Des patients victimes d'analyses défectueuses pourraient également être appelés à la barre, pour raconter comment ils ont vécu de mauvais diagnostics de cancer, de sida ou encore de grossesses.
Elizabeth Holmes elle-même pourrait décider de s'exprimer.
L'ex-étoile montante des biotechnologies a connu une chute d'autant plus brutale que sa fortune était évaluée à 3,6 milliards de dollars par Forbes en 2014. C'était alors la plus jeune milliardaire n'ayant pas hérité de sa fortune.
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