Le procès des deux chercheurs français détenus en Iran, Fariba Adelkhah et son compagnon Roland Marchal, détenus depuis juin, devrait s'ouvrir ce mardi à Téhéran, mais selon leur avocat, l'audience risque d'être reportée.
Leur avocat, Saïd Dehghan, et leur comité de soutien en France ont fait part récemment d'une détérioration de l'état de santé des deux chercheurs et émis de vives craintes à ce sujet, liées notamment à l'épidémie de coronavirus qui frappe l'Iran de plein fouet.
Le procès à huis clos de Fariba Adelkhah, anthropologue franco-iranienne réputée, spécialiste du chiisme, et Roland Marchal, africaniste dévoué à l'analyse des guerres civiles en Afrique subsaharienne, doit s'ouvrir à 9 h (5 h 30 GMT) devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, avait indiqué leur avocat le 18 février.????????#Iran Ce qui se joue derrière le procès des deux chercheurs français Fariba Adelkhah et Roland Marchal, détenus à la prison d'Evin à Téhéran depuis l'été dernier et poursuivis pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale" @mapirzadeh #ParisDirect pic.twitter.com/rdMxfadKLF
— Pauline Paccard (@PaulinePaccard) March 3, 2020
Mais l'avocat émet désormais des doutes sur la tenue de cette audience. "Le procès de mardi risque d'être reporté. Pour connaître la date exacte, il faut attendre jusqu'à mardi matin", a-t-il déclaré dimanche à l'AFP, sans détailler les raisons de ses craintes.
Un sort lié à un Iranien détenu en France ?
En France, certaines sources estiment que le sort de Fariba Adelkhah et de Roland Marchal pourrait être intimement lié à celui d'un ressortissant iranien, Jalal Rohollahnejad, détenu en France et menacé d'extradition aux États-Unis.
Alors que la République islamique a procédé récemment à des échanges de détenus avec les États-Unis et l'Allemagne, la Cour de cassation française est censée se prononcer le 11 mars sur le pourvoi de cet ingénieur en vue d'éviter son extradition.
Si son pourvoi en cassation venait à être rejeté, comme cela semble probable au vu des préconisations de l'avocat général de la Cour de cassation, il reviendra en dernier ressort au Premier ministre Édouard Philippe de statuer sur son cas.
En Iran, celon Me Dehghan, Fariba Adelkhah est poursuivie pour "propagande contre le système" politique et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Seul ce dernier chef d'accusation, passible de deux à cinq ans de prison, est retenu contre Roland Marchal.
La "propagande contre le système" est, elle, passible de trois mois à un an d'emprisonnement.
"Notre demande auprès du tribunal est que, s'ils ont l'intention de reporter le procès, ils (ordonnent) immédiatement (...) la libération temporaire de mes clients", sous caution, a déclaré Me Dehghan dimanche.
Leur maintien en détention prolongée, en cas de report du procès, les exposerait à des "circonstances dangereuses et incertaines", dit-il, "compte tenu (...) du coronavirus" qui, selon lui, menacerait les deux Français davantage "dans un environnement carcéral fermé".
Fariba Adelkhah et Roland Marchal sont détenus à la prison d'Evin, dans le nord de Téhéran, province du pays où les autorités disent avoir relevé le plus grand nombre de personnes touchées par la maladie Covid-19.
Des membres de leur comité de soutien ont estimé lundi que les deux chercheurs étaient en "danger de mort", notamment en raison de l'épidémie.
"En mauvais état"
Selon son avocat, Fariba Adelkhah, née en Iran en 1959, a regagné samedi "la section pour femmes de la prison" après avoir été admise pendant plusieurs jours pour des soins dans l'hôpital du centre de détention. Fortement affaiblie par une grève de la faim qu'elle a menée de fin décembre à mi-février, la chercheuse "continue de se plaindre de graves douleurs aux reins", a ajouté son avocat.
Me Dehghan ne cache pas craindre que sa cliente ait pu être contaminée par le coronavirus lors de son passage à l'hôpital.
Quant à Roland Marchal, âgé de 64 ans, il "est malade et en mauvais état, mentalement et physiquement", a-t-il poursuivi.
Néanmoins, les deux chercheurs prévoient de se présenter au tribunal mardi, a-t-il ajouté Me Dehghan, qui compte plaider non coupable.
Le comité de soutien des deux universitaires estime que les charges retenues contre eux sont fabriquées de toutes pièces et réclame leur libération immédiate.
Les autorités françaises ne cessent également de réclamer la libération de ces deux membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.
L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Il dénonce régulièrement comme une ingérence les appels à libérer les deux chercheurs.
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