Après 17 ans d'instruction, la justice française a rendu un non-lieu dans l'enquête sur un vaccin contre l'hépatite B, mis en cause dans l'apparition de certaines maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques, a-t-on appris lundi de source judiciaire. La décision de la juge d'instruction est conforme aux réquisitions du parquet: il avait conclu à l'absence de "causalité certaine" entre la vaccination contre l'hépatite B et l'apparition de ces pathologies, ne retenant pas de "faute d'imprudence ou de négligence" des mis en cause.
L'une des avocates de parties civiles, Me Gisèle Mor, jointe par l'AFP, a dénoncé un "scandale judiciaire", estimant que "les juges n'avaient pas effectué les vérifications" sur le travail de surveillance du produit par l'administration sanitaire. L'affaire trouve son origine dans une vaste campagne lancée par le gouvernement français en 1994, visant à vacciner plus de 20 millions de Français contre l'hépatite B, un virus qui entraîne des cirrhoses ou des cancers du foie. Des cas de scléroses en plaques (SEP) ou d'autres maladies neurologiques s'étaient manifestés chez certains patients vaccinés, alimentant des doutes sur l'innocuité du vaccin.
Une enquête avait été ouverte en 1998 aboutissant au recensement d'une soixantaine de victimes, dont neuf décédées, et à la mise en examen pour "tromperie aggravée" de trois anciens responsables des laboratoires pharmaceutiques Sanofi-Aventis et GlaxoSmithKline. Les laboratoires et un médecin avaient été placés sous le statut intermédiaire de témoin assisté pour "homicides involontaires". Cette affaire a contribué, parmi d'autres facteurs, au développement d'un mouvement anti-vaccin en France, où de plus en plus de parents rechignent à faire vacciner leurs enfants. La méfiance de la population face aux vaccins en général est passée de 10% en 2005 à 40% en 2010, d'après l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé.
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