La bataille fait rage entre les troupes syriennes et les rebelles
pour le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie, des informations
contradictoires circulant sur l'évolution des combats. Le ministre de la
Santé Waël al-Halqi a été nommé au poste de Premier ministre à la suite
de la défection de l'ancien chef du gouvernement Riad Hijab, a annoncé
la télévision syrienne.
"Le président Bachar al-Assad a signé le décret 298 nommant M. Waël
al-Halqi au poste de Premier ministre", a indiqué la télévision. Une
"rencontre consultative" sur la Syrie est par ailleurs organisée jeudi à
Téhéran par les autorités iraniennes, fidèles alliées du président
syrien Bachar al-Assad, qui ont indiqué attendre une douzaine de pays
ayant "une position réaliste" sur la crise.
Les rebelles se sont
totalement retirés du quartier emblématique de Salaheddine, à Alep, à
la suite d'un bombardement d'une violence inouïe de l'armée syrienne, a
affirmé à l'AFP un commandant dissident. "Nous avons effectué un retrait
tactique de Salaheddine. Il n'y a plus de combattants rebelles en
raison d'un bombardement inouï et les forces du régime avancent dans le
quartier", a assuré Houssam Abou Mohammad, commandant de la brigade Dera
Ashahba, qui combat dans ce secteur.
Depuis le matin, l'armée
syrienne bombardait jplusieurs quartiers d'Alep, poumon économique du
pays où les combats font rage depuis vingt jours, qui constitue un enjeu
crucial pour la suite de la révolte, selon l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH). Vers 03H00 locales, les quartiers de Hanano,
Al Sakhour, Chaar (est), et Seif Dawla (sud ouest) ont été intensément
bombardés, a rapporté cette organisation basée à Londres et qui
travaille avec un réseau de militants et de témoins à travers la Syrie.
Les comités locaux de coordination, qui organisent la contestation sur
le terrain ont confirmé le bombardement d'Al-Sakhour.
De plus en plus de bombardements
Mercredi,
les violences dans tout le pays ont fait 167 morts, dont 95 civils, 54
soldats et 18 rebelles, selon l'OSDH. Dans la seule ville d'Alep, 33
personnes ont été tuées, dont 24 civils et 9 rebelles. Les premières
violences de jeudi ont déjà fait 22 morts, dont 17 civils et 5 rebelles.
C'est dans la ville d'Alep et sa province que les violences ont fait le
plus de victimes, avec 9 civils et 5 rebelles tués.
Appuyées
par des chars et des véhicules blindés, les forces du régime du
président Bachar al-Assad avaient lancé mercredi une offensive terrestre
d'envergure et pénétré dans le principal quartier dissident d'Alep,
Salaheddine. En milieu de journée, l'armée avait affirmé avoir pris le
contrôle de ce quartier emblématique, ce que les insurgés ont
immédiatement démenti. Puis, en milieu d'après-midi, les rebelles
syriens ont déclaré avoir repris une partie du terrain perdu quelques
heures plus tôt après avoir reçu le renfort de 700 combattants. "Il
s'agit des combats les plus féroces autour du quartier" depuis le début
des affrontements à Alep le 20 juillet, selon l'OSDH.
Les forces
du régime ont acheminé de nouveaux renforts, et, jeudi matin, plusieurs
centaines de militaires, trois chars et véhicules de transports de
troupes sont arrivés près d'Alep, selon l'OSDH. L'armée a déployé 20.000
hommes pour mener cette bataille cruciale pour le régime, confronté
depuis la mi-mars 2011 à une révolte qui s'est militarisée au fil du
temps face à la répression brutale. Près de 17 mois de conflit ont fait
21.000 morts selon l'OSDH.
Réunion à Téhéran
L'Iran,
principal allié régional de la Syrie, attend jeudi à Téhéran les
représentants d'une douzaine de pays pour une "rencontre consultative"
sur la Syrie. Damas n'y sera pas représenté, a indiqué une source au
ministère syrien des Affaires étrangères.
Selon le ministre
iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, douze à treize pays
d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine doivent y participer. Mais les
représentants de ces pays, qui n'ont pas encore été identifiés, ne
devraient pas être de haut rang. La réunion doit s'ouvrir à 14H30 GMT.
Le
Liban voisin a déjà fait savoir qu'il n'y participerait pas en respect
de sa "neutralité" dans le conflit. Kofi Annan, le médiateur
démissionnaire de l'ONU et la Ligue arabe, et le Koweït ont également
décliné l'invitation.
Téhéran accuse régulièrement des pays
occidentaux, de même que l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie,
d'aider militairement les rebelles syriens. L'Iran cherche toujours à
obtenir la libération de 48 ressortissants enlevés samedi par l'Armée
syrienne libre (ASL) dans la région de Damas.
La France a envoyé
par avion une équipe médicale militaire pour venir en aide aux réfugiés
syriens à la frontière jordanienne, une mesure décidée lundi par le
président François Hollande. Une cinquantaine de personnes, dont un
médecin généraliste, des chirurgiens, des infirmiers et des
aide-soignants, ont décollé jeudi matin avec 20 tonnes de matériel
médical, pour mettre sur pied uns structure qui devrait être
opérationnelle "en fin de semaine", a précisé le médecin-en chef.
3 Commentaires
Xeme
En Août, 2012 (12:50 PM)Xnox
En Août, 2012 (13:49 PM)L’agence de presse nationale syrienne (SANA) n’a pas rendu compte de l’événement, se contentant de signaler qu’il avait été « démis de ses fonctions ».
La Syrie étant un régime présidentiel (comme les États-Unis), les ministres sont nommés directement par le président de la République et cette vacance n’a pas d’incidence sur le reste du gouvernement. Le président Bachar el-Assad a demandé à l’un des quatre vice-présidents du Conseil, Omar Ghalawanji, d’exercer les fonctions de président du Conseil des ministres.
Le chef de l’Armée syrienne libre a annoncé que M. Hijab avait fait défection avec d’autres ministres. La télévision syrienne a montré des images panoramiques de la réunion du Conseil des ministres sous la présidence d’Omar Ghalawanji afin que chacun puisse constater que nul ne manque à l’appel. En outre, le ministre des Biens cultuels –dont le nom avait été cité par une agence de presse- a fait une déclaration à la télévision sur un sujet secondaire afin de mettre un terme aux rumeurs de la presse occidentale le concernant.
La trahison de Riad Hijab est la première d’importance depuis le début de la crise. Selon son porte-parole, Mohamed Otri, qui s’est exprimé depuis la Jordanie, M. Hijab travaillait secrètement au renversement de Bachar el-Assad bien avant d’accepter les fonctions de président du Conseil des ministres, il y a six semaines, le 23 juin.
Le président du Conseil des ministres coordonne la mise en œuvre de la politique intérieure, mais n’a aucun pouvoir en matière de Politique étrangère et de Défense, « domaines réservés » du président de la République.
Comme dans le système constitutionnel états-unien, les principaux pouvoirs de nomination reviennent au président de la République. Le président du Conseil des ministres n’a donc pas pu placer des hommes à lui à des postes stratégiques de l’État.
À ce stade de l’enquête, il semble que l’opération « Volcan de Damas et séisme de la Syrie », qui a échoué, devait consister en un coup d’État militaire auquel Riad Hijab aurait donné une onction civile. Washington et ses alliés pensaient qu’après la décapitation du commandement militaire (attentat du 18 juillet), des généraux et leurs régiments s’empareraient du pouvoir avec l’aide des mercenaires entrant depuis la Jordanie, puis ils l’auraient remis dans les mains de M. Hijab. Le département d’État aurait alors applaudi à la victoire de la « démocratie ».
On ignore à quel moment les services de sécurité ont commencé à douter de la loyauté du président du Conseil des ministres. Celui-ci n’avait pas été inquiété et participait encore hier à une inauguration officielle, mais il avait évité de retourner à son bureau depuis deux jours.
Bien qu’ayant exercé des fonctions au sein du Baas, Riad Hijab était un technocrate, pas un leader politique. Ancien préfet de Lattaquié, jouissant d’une excellente réputation d’administrateur, il avait été nommé ministre de l’Agriculture, puis président du Conseil des ministres parce que n’étant pas lié à un courant politique, il semblait plus apte que d’autres à œuvrer à l’unité nationale. C’est le contraire qui s’est produit. N’étant lié à aucun groupe, il a pu changer de bord sans être retenu par un engagement.
Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Information, Omrane al-Zohbi, a souligné que -à la différence de l’Arabie saoudite- la Syrie est un État, et que la disparition d’un homme ne peut affecter la marche de l’État.
Vito
En Août, 2012 (21:16 PM)Participer à la Discussion