Angela Merkel a déclaré mardi au Premier ministre britannique Boris Johnson que parvenir à un nouvel accord de Brexit entre Londres et Bruxelles était “extrêmement improbable”, a-t-on appris de source gouvernementale britannique.
La chancelière allemande, ajoute-t-on de même source, a expliqué au dirigeant conservateur que le Royaume-Uni ne pouvait quitter l’Union européenne sans laisser la province britannique d’Irlande du Nord dans une union douanière avec les Européens.
“Merkel a dit que si l’Allemagne voulait sortir de l’UE, elle pourrait le faire sans problème, mais le Royaume-Uni lui ne peut pas sortir sans laisser l’Irlande du Nord derrière dans une union douanière et dans un alignement total sans limite de temps”, a dit cette source.
Cette conversation téléphonique, dit-on encore, était un “moment de clarification” et si les propos de Merkel constituent la nouvelle position établie des Européens, alors tout accord est “virtuellement impossible”.
A Berlin, le porte-parole de Merkel a confirmé cette conversation téléphonique mais s’est refusé à tout commentaire sur son contenu.
Quelques heures plus tôt, une source au 10 Downing Street avait indiqué à un journaliste du magazine Spectator que le gouvernement britannique adopterait une attitude agressive à l’égard de l’Union européenne si les négociations autour du Brexit n’aboutissaient pas.
Cette source évoque notamment une suspension de la coopération en matière de sécurité et de défense si les Européens tentent d’empêcher le divorce.
Tout Etat membre qui, à l’inverse, s’opposerait à un nouveau report de la date du Brexit se verrait offrir une “bonne coopération”.
Pour tenter d’obtenir un nouvel accord de Brexit avant le sommet européen des 17-18 octobre, Boris Johnson a présenté la semaine dernière à Bruxelles un “compromis” visant à résoudre le principal point de blocage, la clause de sauvegarde pour la frontière irlandaise (“backstop”) censée éviter le rétablissement d’une frontière dure à travers l’île d’Irlande et préserver ainsi les accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trente années de troubles confessionnels en Irlande du Nord.
Mais le plan Johnson a été fraîchement accueilli par ses partenaires et, selon la BBC, les négociations à Bruxelles étaient même au bord de la rupture mardi en fin de matinée.
FIN DES NÉGOCIATIONS PROBABLEMENT CETTE SEMAINE
Une source gouvernementale britannique interrogée par Reuters a confirmé que les Européens ne négociaient pas “avec sérieux”.
La Commission européenne a affirmé pour sa part que les discussions programmées avec David Frost, le négociateur en chef de Londres pour le Brexit, étaient toujours prévues en début d’après-midi.
“Je ne pense pas que nos plans changent du fait de briefings anonymes”, a déclaré un porte-parole de l’exécutif européen.
Interrogé plus tôt par un journaliste du Spectator sur l’avancée des discussions, un membre des services du Premier ministre britannique a répondu que “les négociations vont probablement prendre fin cette semaine”.
Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar ne veut pas négocier et se montre “froid” depuis que le Parlement britannique a adopté le “Benn Act”, indique ce contact au 10 Downing Street.
“Nombreux sont ceux à Paris et Berlin qui souhaiteraient discuter de notre offre”, a-t-il ajouté, mais Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron “ne pousseront pas (Michel) Barnier à le faire à moins que l’Irlande annonce qu’elle veut négocier”.
Cette source - selon Amber Rudd, ancienne ministre des Retraites qui a démissionné du Parti conservateur, il s’agirait de Dominic Cummings, le conseiller spécial de Johnson - ajoute que ceux qui espéraient qu’Angela Merkel aiderait Londres ont été “bernés”.
A 23 jours de la nouvelle date théorique du Brexit, Boris Johnson maintient qu’il ne demandera pas de report en dépit de l’adoption par le Parlement du “Benn Act”.
Cette loi votée par l’opposition anti-No Deal le mois dernier exige du gouvernement qu’il demande un nouveau report de trois mois si aucun accord n’a été approuvé à Westminster ou s’il n’a pas validé une sortie de l’Union européenne sans accord d’ici cette date du 19 octobre.
Le Premier ministre, qui répète que le Royaume-Uni quittera l’UE “coûte que coûte” le 31 octobre, assure pourtant qu’il respectera la loi, sans expliquer comment sortir de la contradiction.
La source du Spectator avance deux pistes: dans la première, le gouvernement arrive à mettre en échec le report réclamé par la loi Benn; dans la seconde, Londres est contraint de demander un report mais organise alors des élections, en imputant la responsabilité aux Européens et aux anti-No Deal et en menant campagne sur une sortie immédiate et sans accord de l’UE.
avec Kanishka Singh à Bangalore; Jean Terzian et Henri-Pierre André pour le service français
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