La cour d'appel de Paris a annulé vendredi l'inculpation de l'ex-ministre française Martine Aubry et de sept autres personnes, poursuivies dans le cadre d'une enquête retentissante sur les dangers de l'amiante, ont annoncé des avocats.L'instruction portait sur l'exposition à l'amiante - avant l'interdiction de cette substance cancérigène en 1997 - des salariés de l'usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (nord-ouest de la France), dont plus de 300 se sont vu reconnaître des maladies professionnelles. Les investigations avaient ensuite été élargies à l'action des pouvoirs publics et à l'influence prêtée au Comité permanent amiante (CPA), lobby d'industriels qui aurait efficacement défendu "l'usage contrôlé" de cette substance pour retarder au maximum son interdiction.
C'est dans ce cadre que Mme Aubry, dirigeante socialiste et maire de Lille (nord), avait été mise en examen (inculpée) en 2012 pour homicides et blessures involontaires pour son rôle entre 1984 et 1987 au ministère du Travail, dont elle était la directrice des relations du travail. Mme Aubry avait ensuite été ministre du Travail dans les années 90. La bataille juridique actuelle est cependant loin d'être terminée, l'Association des victimes de l'amiante (Andeva) ayant d'emblée annoncé vendredi un nouveau pourvoi en cassation contre cette décision. C'est la seconde fois que la cour d'appel de Paris annule des mises en examen dans ce dossier. Elle l'avait fait une première fois en mai 2013, mais la Cour de cassation avait cassé son arrêt en décembre.
L'avocat de Mme Aubry, Me Yves Baudelot, s'est félicité de l'annulation de la mise en examen, "expression du bon sens et de la raison". "Depuis le début, nous ne cessons de dire qu'il n'y a dans le dossier aucun élément qui permette d'incriminer Martine Aubry", a-t-il dit. Si elle n'a jamais caché son scepticisme sur le bien-fondé des poursuites visant Mme Aubry, l'Andeva considère toujours qu'on ne peut exonérer les autres mis en examen de leurs responsabilités dans un drame qui pourrait provoquer au total 100.000 décès d'ici à 2025 en France. Parmi les sept autres personnes qui contestaient leur mise en examen, figurent notamment des hauts fonctionnaires, mais aussi des scientifiques et des industriels.
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