Se marier en situation d’immigré «clandestin» avec une Italienne n’est pas synonyme de sortie de galère. C’est parfois même risqué, à moins que les conjoints aient l’aval des autorités municipales de la ville où devrait être scellée l’union conjugale. Sinon, c’est interdit par la loi et les policiers pourraient faire une descente à tout moment pour gâcher la fête. Et bonjour l’expulsion. C’est arrivé dans la communauté des immigrés sénégalais au pays de Sylvio Berlusconi.
Trois Sénégalais n’ont pu échapper à la vigilance des policiers lors de leur mariage dans les villes de Pescara et Ancône cette année. Deux d’entre eux ont été reconduits au Sénégal par des policiers, tandis que l’autre a été sauvé par sa maladie et séjourne dans un centre d’accueil à Bari, au Sud d’Italie. Les deux expulsés auraient des antécédents avec la police, selon nos informations. Ce qui leur a valu d’être sortis de force de la Botte européenne. «Il a été cool avec nous et avec tout le monde d’ailleurs. Il ne connaissait que le lieu de travail et la maison. Après plusieurs années sans avoir le permis de séjour, sa copine italienne décida alors de l’aider pour qu’il enterre définitivement sa vie de clandestin. Mais c’est au cours de la cérémonie qu’il a été dénoncé. Les forces de l’ordre sont venues le cueillir, alors que la fête battait son plein. Quelques jours après, ils l’ont raccompagné jusqu’à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar», a témoigné un ami de P.S, un des expulsés Sénégalais qui venait de Yeumbeul, dans la banlieue de Dakar. Son pote, qui parlait sous le couvert de l’anonymat, ajoute que la dame italienne a rassuré P.S en lui disant à haute voix : «Je te rejoindrai au Sénégal. T’inquiètes, tu vas revenir, reprendre ton boulot et ta vie normale.» Les proches de l’autre expulsé ont préféré garder le silence. Le 3e, qui l’a échappé belle grâce à une maladie du cœur, s’est confié au téléphone : «Avec mon état de santé, je ne peux pas prendre l’avion à l’heure actuelle. Ce serait suicidaire, selon mon médecin et l’avocat de mon frère qui suit le dossier.» «Les gens m’ont donné le permis de séjour pour motif humanitaire. Je vais en profiter pour organiser tranquillement le mariage avec ma femme italienne qui n’a ménagé aucun effort depuis le début du problème. Mes amis et les avocats aussi ont été à la hauteur de l’évènement», se réjouit-il.
Lui s’en tire apparemment à bon compte, alors que beaucoup d’autres immigrés irréguliers qui veulent passer par le mariage avec une Italienne pour décrocher le titre de séjour se font prendre. Ils sont, le plus souvent, victimes de dénonciations et de complots.
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