Le Premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré dimanche sur France 2 qu'il irait "jusqu'au bout" du quinquennat, en 2017, à condition d'avoir la confiance du président, celle de la majorité et les moyens de réformer le pays.
Chef du gouvernement depuis le 31 mars, celui à qui l'on prête des ambitions présidentielles a assuré qu'il travaillait "en tandem" avec François Hollande et que son seul souci était de rendre aux Français une fierté entamée par la crise.
"Je suis là pour assumer ces responsabilités jusqu'à la fin du quinquennat. C'est ce que nous avons convenu avec le président de la République", a-t-il déclaré lors d'un entretien d'une quarantaine de minutes sur France 2.
"Je ne suis pas un déserteur. Face aux difficultés du pays (...) je partirais pour préparer je ne sais quelle étape, je ne sais quel destin ? Non", a ajouté Manuel Valls.
Il a précisé toutefois que son maintien à Matignon dépendait de trois conditions : la confiance du président, le soutien de la majorité et la capacité de réformer le pays.
Selon deux récents sondages, il devance largement François Hollande dans les préférences des sympathisants socialistes pour l'élection présidentielle de 2017.
Manuel Valls a réaffirmé sa "loyauté" à l'égard d'un chef de l'Etat handicapé par un niveau d'impopularité historique. Il a toutefois repoussé toute idée de soumission l'égard du locataire de l'Elysée : "C'est ensemble que nous décidons de l'essentiel", a-t-il dit. "Nous sommes d'accord pour mener le pays vers plus de justice, plus d'emplois, de croissance."
Le Premier ministre a assuré que sa "plus belle réussite" serait que, à la fin du quinquennat, les Français soient davantage fiers d'eux-mêmes".
"ATTENTION À NE PAS NOUS DIVISER"
Il s'est inquiété à plusieurs reprises de la démoralisation du pays, déplorant notamment le succès du livre du polémiste Eric Zemmour, "Le suicide français", qui dépeint selon lui "une France repliée sur elle-même, triste, rance".
Il s'est en revanche étonné d'un "manque d'indignation" après de récents actes racistes et antisémites comme l'agression d'un jeune couple juif lundi dernier à Créteil, près de Paris.
Il a lancé une mise en garde contre le risque de divisions engendré par des polémiques comme celle qui a été déclenchée par une interdiction judiciaire d'installer une crèche de Noël dans un lieu public au nom de la laïcité.
"Faisons attention à ne pas nous diviser", a-t-il dit. "Ce n'est pas ce que demandent les Français. Il y a suffisamment de sujets graves."
Conscient que les Français attendent avant tout des résultats sur le front économique et social, Manuel Valls s'est dit confiant dans la réussite du Pacte de responsabilité, qui prévoit des baisses de charges pour les entreprises en contrepartie d'engagements pour l'investissement et l'emploi.
"Je suis convaincu que le pacte de responsabilité sera une réussite", a-t-il dit, rompant avec le pessimisme récemment exprimé par son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.
Il a rappelé que des accords avaient été passés avec les partenaires sociaux dans une demi-douzaine de branches, et qu'un autre, dans l'assurance, représenterait 28.000 emplois.
"D'autres sont possibles très vite (...) et donc j'espère qu'avant la fin de l'année 2014 plus de la moitié des salariés dans les branches seront ainsi concernés par ces accords."
L'UMP a critiqué cette intervention dans un communiqué, dénonçant l'absence d'"initiative nouvelle", de "proposition concrète" et de "perspective de redressement".
(Elizabeth Pineau, édité par Emmanuel Jarry)
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