"On verra si c'est vrai que l'amigo Valls va tout arranger" à Barcelone, chante un vieux gitan espagnol à l'ex-Premier ministre français qui voudrait être "la grande surprise" des municipales dimanche, en dépit de sondages prédisant sa défaite. Au pied d'un immeuble du quartier populaire de la Verneda i la Pau, le candidat de 56 ans a invité quelques dizaines de gitans à partager des tapas dans un bar.
En espagnol, il se dit "très fier" d'en compter un sur sa liste, Pedro Vargas, 21 ans, qui lui répond solennellement: "Je serai toujours à tes côtés, Manuel". "Nous serons la grande surprise" du scrutin, promet le candidat même si différents sondages ne lui attribuent que 12% des voix et la quatrième position.
- "Ça m'a surpris de vous voir arriver" à Barcelone, l'interpelle un retraité de 65 ans, Francisco Serrano, en lui rappelant l'échec de ses ambitions présidentielles en 2017 en France. - Mais "oui, c'est surprenant, un ex-Premier ministre qui change de pays", admet-il. Né à Barcelone, Manuel Valls a été élevé à Paris par un père catalan - le peintre Xavier Valls - et une mère italo-suisse puis naturalisé français à 20 ans. Il dit très fièrement avoir "déjà tout fait" en France: député, maire, ministre et Premier ministre pendant des "années très difficiles, de crise économique, terrorisme, crise du parti socialiste..."
Avant sa défaite aux primaires socialistes de 2017, le ralliement à Emmanuel Macron, le départ du PS et la décision de changer d'horizon... “Extrêmement dangereux” A Barcelone, M. Valls se présente comme un "social-démocrate" issu du "catalanisme modéré" et un recours contre les indépendantistes qui gouvernent la région depuis 2012.
"Si demain, les indépendantistes prennent la ville, là, on est face à quelque chose d'extrêmement dangereux", dit-il dans un entretien avec l'AFP. Le président d'une association d'habitants de la Verneda i la Pau, Rafa Vega, 59 ans, pointe les faiblesses de sa candidature: "Les gens le connaissent peu et c'est étrange que comme socialiste de coeur, il soit maintenant avec un parti opposé au socialisme", les libéraux de Ciudadanos qui soutiennent sa candidature.
En février, nombre d'électeurs ont vu d'un mauvais oeil que M. Valls et Ciudadanos participent à une manifestation à Madrid aux côtés de la droite et de l'extrême droite pour réclamer le départ du chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez, critiqué pour son dialogue avec les indépendantistes catalans. Le candidat du Parti populaire (conservateur) à la mairie de Barcelone, Josep Pou, assure lui à l'AFP "ne pas comprendre la stratégie" de son rival.
"Il se présente seul, et non (sous l'étiquette) Ciudadanos, et (le dirigeant du parti) Albert Rivera ne vient à aucun meeting". Dans le centre de Barcelone, l'expérience "extraordinaire" du candidat Valls ravit en revanche le médecin Humberto Villavicencio, 70 ans, qui estime que la deuxième ville espagnole "mérite un homme de son niveau".
Mais l'informaticien Miguel Moreno, 61 ans, le voit comme un "opportuniste". "Comme il n'a pas obtenu ce qu'il voulait (en France), il est venu voir ici si ça marchait mais ça ne marchera pas", conclut-il. Selon les sondages, la maire sortante Ada Colau, soutenue par la gauche radicale, et l'indépendantiste Ernest Maragall d'ERC (Gauche républicaine de Catalogne) seraient au-coude-à-coude pour remporter la mairie.
M. Valls cible donc à la fois les indépendantistes et Ada Colau - qualifiée de "populiste" et à laquelle il attribue "une politique désastreuse en matière de sécurité et de logement". Faisant de la lutte contre l'insécurité sa "priorité", il promet d'augmenter considérablement les effectifs de la police municipale et le nombre de caméras de surveillance, comme à Evry en banlieue parisienne, qu'il administra onze ans.
“Je reste” Au terme d'une campagne de neuf mois, il lâche soudain: "Ma carrière politique est derrière moi, elle est extraordinaire". "J'avais besoin de soleil, de Méditerranée, de ciel bleu, j'ai retrouvé l'amour", dit-il, en référence à sa nouvelle compagne, la femme d'affaires catalane Susana Gallardo. Et "quoi qu'il arrive, je reste ici", assure M. Valls, domicilié à Barcelone, rue Paris.
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