Un tribunal malaisien a condamné mardi à 12 ans de prison l'ex-Premier ministre Najib Razak, jugé coupable dans le procès pour corruption du vaste scandale lié au fond souverain 1MDB. Cette affaire pourrait avoir des répercussions politiques notables en Malaisie, où la lutte contre la corruption est devenue une priorité.
La sentence est tombée mardi 28 juillet pour Najib Razak. L'ancien Premier ministre malaisien a été reconnu coupable de l'ensemble des sept chefs d'accusation de corruption le visant dans le cadre du scandale lié au fonds souverain malaisien 1MDB (Malaysia Development Berhad). Il écope de 12 ans de prison et d'une amende de près de 50 millions de dollars.
L'ancien dirigeant de 67 ans était accusé d'avoir, avec ses proches, pillé le fonds souverain 1MDB, censé contribuer au développement économique de la Malaisie, une fraude de plusieurs milliards de dollars, aux ramifications planétaires.
"Le Loup de Wall Street" pointé du doigt
Une partie des fonds détournés aurait ainsi servi à financer le film "Le Loup de Wall Street", avec Leonardo DiCaprio, tandis que la banque Goldman Sachs a été éclaboussée par l'affaire.
Le juge de la Haute cour de Kuala Lumpur a déclaré mardi lors de ce premier procès que le parquet avait réussi à démontrer les faits au-delà de tout doute raisonnable.
Najib Razak était accusé notamment de blanchiment d'argent, abus de pouvoir et abus de confiance pour avoir reçu illégalement près de 10 millions de dollars de la part d'une filiale du fonds 1MDB. Il a nié toute malversation.
Ses conseils ont présenté l'ex-Premier ministre en victime, désignant le financier malaisien Low Taek Jho, comme principal responsable et "cerveau" du pillage.
Le tribunal a cependant jugé "tirée par les cheveux" la thèse selon laquelle Najib Razak aurait été piégé par Low Taek Jho, de même que l'argument selon lequel l'ex-dirigeant pensait que les sommes sur son compte correspondaient à un don de la monarchie saoudienne.
Aussi surnommé Jho Low, l'homme poursuivi en Malaisie et aux États-Unis, reste introuvable, mais a protesté et clamé son innocence par l'intermédiaire de ses avocats.
Appel
L'ancien Premier ministre, déchu du droit de se représenter aux élections de 2018, encourt des amendes et des peines d'emprisonnement de quinze ans à vingt ans pour chacun des actes d'accusation.
Les avocats de Najib Razak cherchent à retarder l'audience de verdict. Najib Razak avait préalablement annoncé qu'il ferait appel de toute condamnation auprès du tribunal fédéral.
Les détournements jugés dans le premier procès de Najib Razak sont modestes, au regard de ceux visés par son deuxième procès, le plus important, qui porte sur plus de 500 millions de dollars.
Cette affaire historique est considérée comme un test pour le pays d'Asie du Sud-Est dans ses efforts pour endiguer la corruption et pourrait avoir d'importantes répercussions politiques.
La colère des Malaisiens contre ce pillage a en effet joué un grand rôle dans la défaite électorale surprise en 2018 de la coalition menée par Najib Razak, qui dirigeait le gouvernement depuis 2009.
Le verdict met cependant à l'épreuve la vigueur de l'état de droit en Malaisie, alors que le parti de Najib Razak a regagné le pouvoir en mars après la chute d'une coalition réformiste. Certains redoutent que l'alternance n'affecte l'issue de ce procès.
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