Les dirigeants français, britannique, canadien et néerlandais ont été surpris par les caméras en train de se moquer du président américain lors de la réception donnée à Buckingham Palace mardi soir avant le sommet de l'Otan.
Les images tournées par les caméras britanniques et sous-titrées par la chaîne canadienne CBC montrent Emmanuel Macron, Boris Johnson, Justin Trudeau et Mark Rutte discuter vivement avec la princesse Anne et manifestement amusés.
“C’est pour ça que vous êtes en retard?”
Le Premier ministre britannique demande à M. Macron: “C'est pour ça que vous êtes en retard?" M. Trudeau ajoute: "il est en retard parce qu'il a eu une conférence de presse de 40 minutes inattendue". Inaudible dans l'échange, Emmanuel Macron avait auparavant rencontré dans l'après-midi Donald Trump, qui l'avait attaqué durement sur ses propos sur l'Otan et sa volonté de taxer les compagnies technologiques américaines. Les deux dirigeants avaient longuement répondu aux questions des journalistes et Emmanuel Macron avait notamment dit "maintenir" ses propos sur l'Otan en "mort cérébrale", jugés "insultants" par M. Trump.
Rires complices
"Oh, oui, oui, il a annoncé ....", a poursuivi Justin Trudeau en souriant, "on pouvait voir son équipe qui tombait des nues". Comme lors du dernier sommet de l'Otan, M. Trump a fait fi du protocole et utilisé ses apparitions publiques avec des dirigeants alliés pour les questions des médias internationaux. Les échanges surpris par les caméras ne devraient pas améliorer l'ambiance lors du sommet de mercredi dans un golf de la banlieue de Londres, déjà assombri par plusieurs différends notamment l'intervention de la Turquie en Syrie.
L’Otan en quête d’unité
Les dirigeants des 29 pays membres de l’Otan vont s’efforcer mercredi de donner un message d’unité à l’occasion d’un “mini-sommet” dans la banlieue de Londres destiné à célébrer le 70e anniversaire de l’Alliance militaro-politique en proie à une crise existentielle après des déclarations musclées des présidents français, américain et turc.
Crise existentialiste
Trente ans après la chute du Mur de Berlin, l’organisation fondée en 1949, au début de la Guerre froide, affronte des défis considérables entre le retour en force de la Russie sur la scène internationale, la montée en puissance de la Chine comme puissance militaire et la militarisation croissante de l’espace. “Ce n’est pas nouveau qu’il y ait des différences” entre alliés, a admis le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à son arrivée à Watford, où les dirigeants des 29 doivent se réunir pour une unique séance de travail, de 10h locales (11h00 HB) à 13h (14h HB), dans un golf de luxe du comté de Hertfordshire.
Les objectifs de Trump
Le président américain Donald Trump, qui joue habituellement au trublion dans les réunions internationales où il défend son slogan électoral “Keep America Great” après son “Make America Great Again”, a donné le ton dès ses premières rencontres bilatérales mardi à Londres. Il a une nouvelle fois critiqué les alliés qui n’atteignent par l’objectif des 2 % de leur Produit intérieur brut (PIB) affectés aux dépenses de défense, un engagement censé se concrétiser d’ici 2024 et que seuls neuf pays (dont les Etats-Unis) ont réalisé.
La Belgique et l’Otan
La Belgique, représentée à Watford par sa nouvelle Première ministre, Sophie Wilmès, fait piètre figure dans ce domaine, avec des dépenses de défense - une notion recouvrant, selon l’Otan, à la fois le budget de la Défense, les pensions des militaires et les coûts engendrés par le stationnement de troupes étrangères - qui devraient atteindre 0,95 % du PIB cette année, 1,01 % en 2020 et 1,19 % en 2023 et 2024. Une telle augmentation, qui doit encore être confirmée par le prochain gouvernement fédéral, maintiendrait toutefois la Belgique en avant-dernière position du classement de l’Otan à l’échéance de 2024.
Trump critique l’Allemagne
M. Trump a, comme à l’accoutumée, pointé mardi l’Allemagne du doigt, mais aussi les pays qui n’atteignent pas le pour cent. “Ce n’est pas bien de tirer avantage de l’Otan (pour assurer sa sécurité, ndlr) et de tirer avantage du commerce. Nous ne pouvons laisser ceci se produire”, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Macron.
Défense et sécurité
Les dirigeants des 29 pays alliés - et bientôt trente, avec l’adhésion prochaine de la Macédoine du Nord - doivent discuter d’une série de sujets touchant à la sécurité et à la défense, de la lutte contre le terrorisme au désarmement, en passant par l’espace, les relations à nouveau tendues avec la Russie et, pour la première fois la Chine, dont l’essor comme puissance économique et militaire présente des “opportunités” et des “défis”, selon M. Stoltenberg.
Systèmes de communication
Le projet de déclaration du sommet - deux pages, déjà approuvé par les ambassadeurs mais non encore approuvé par les dirigeants - souligne ainsi la nécessité de se doter de systèmes de communication “sûrs et résistants”, en particulier les infrastructures pour la 5G. Les entreprises chinoises, notamment le groupe Huawei, veulent être présents dans la mise en place des réseaux nécessaires pour la prochaine génération de communications mobiles.
Prochain sommet
Cette déclaration doit aussi entériner le principe d’organiser un sommet en bonne et due forme en 2021, après l’élection présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis à laquelle M. Trump est candidat en dépit de la procédure de destitution lancée par les démocrates du Congrès américain.
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