Emmanuel Macron observe un bref intermède à la guerre en Ukraine le temps d'effectuer son premier déplacement de candidat lundi, le jour où le Conseil constitutionnel a annoncé qu'ils seront douze sur la ligne de départ le 10 avril.
Le président candidat n'ira pas très loin: il est attendu en fin d'après-midi dans la région parisienne, à Poissy, pour "une conversation avec les habitants". Son premier déplacement depuis l'officialisation de sa candidature à la présidentielle jeudi dernier. Il devait également recevoir lundi des élus locaux et soutiens à son siège de campagne à Paris, à 34 jours de la présidentielle.
Emmanuel Macron, qui est largement en tête des intentions de vote du premier tour et donné gagnant au second tour, selon les sondages, est happé par la guerre en Ukraine. Il s'est encore entretenu dimanche avec le président russe Vladimir Poutine, exigeant de Moscou que "tant que l'offensive est en cours", il faut "respecter le droit international humanitaire, la protection des populations civiles et l'acheminement de l'aide", selon l'Élysée.
Le président a prévenu qu'il ne pourra pas faire campagne comme il l'aurait "souhaité". Mais selon le patron de LREM Stanislas Guerini, il profitera "de tous les interstices" de l'agenda international "pour aller à la rencontre des Français", un peu à l'image du "grand débat" qu'il avait lancé au plus fort de la crise des "gilets jaunes".
C'est que la guerre en Ukraine pèse sur la campagne présidentielle. "L'Ukraine frappe les esprits, déboule dans ce paysage politique, tout cela provoque un intérêt accru pour la campagne présidentielle", relève le sondeur Brice Teinturier sur LCI, soulignant toutefois que cet "intérêt" ne porte pas sur les propositions des candidats.
Douze prétendants
Les adversaires du président sortant sont eux contraints de se positionner, non sans contorsions. Confronté à de vives critiques pour ses positions prorusses, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en meeting dimanche à Lyon et en tête des intentions de vote à gauche, a dit "stop à la guerre, stop à l'invasion de l'Ukraine", et a plaidé pour une France "non alignée" qui "n'accepte pas un ordre du monde dans lequel il y aurait d'un côté l'Otan et de l'autre un bloc russe" et chinois.
Ce qui lui a valu les foudres du candidat écologiste Yannick Jadot qui s'en est pris lundi aux "complaisances" de M. Mélenchon et à sa "capitulation" vis-à-vis de Vladimir Poutine, l'accusant de "discours grandiloquents" visant à masquer ses positions.
La socialiste Anne Hidalgo et M. Jadot, qui a aussi appelé Emmanuel Macron à "imposer à Total le retrait de la Russie", critiquent aussi l'opposition de M. Mélenchon à la livraison d'armes aux Ukrainiens.
Eric Zemmour, qui a reçu le soutien dimanche de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, est, lui aussi, pris à partie pour son tropisme prorusse.
Ce weekend, il a été mis en difficulté après la révélation par Le Monde et le JDD de liens avec l'ex-président de la Compagnie des chemins de fer russes Vladimir Iakounine. Ses propos sur l'accueil des réfugiés ukrainiens en Pologne plutôt qu'en France ont également suscité des remous, y compris au sein de son entourage.
Au total, comme en 2017, les candidats seront douze sur la ligne de départ du premier tour le 10 avril, le Conseil constitutionnel ayant validé les parrainages du candidat d'extrême gauche Philippe Poutou.
Dans les starting-blocks, selon l'ordre officiel annoncé lundi et établi par tirage au sort: Nathalie Arthaud (LO), Fabien Roussel (PCF), Emmanuel Macron (LREM), Jean Lassalle (Résistons!), Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête!), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (écologiste), Valérie Pécresse (LR), Philippe Poutou (NPA) et Nicolas Dupont-Aignan (DLF).
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