Le président français Emmanuel Macron a dit mardi respecter "l'émoi et la colère" des féministes après l'arrivée dans le gouvernement de Gérald Darmanin, accusé de viol, mais il a défendu cette nomination, au nom de la présomption d'innocence dont il s'estime le "garant".
Le remaniement gouvernemental qui a eu lieu récemment a promu à la tête du ministère de l'Intérieur Gérald Darmanin, 37 ans, une figure montante de la droite française, proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, et qui a été accusé en 2017 de viol par une femme qui avait sollicité son intervention pour régler un litige juridique en 2009.
"Je respecte toujours l'émoi et la colère des causes justes. La cause féministe, je la partage, j'en ai fait un fil rouge de ce quinquennat", a souligné M. Macron, lors d'un entretien télévisé à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet.
Cependant, "aussi vrai que je crois à la force des causes justes, aucune cause n'est défendue justement si on le fait en bafouant les principes fondamentaux de notre démocratie", a-t-il fait valoir.
“Ne pas céder à l’émotion constante”
"Si, à partir du moment où quelqu'un est accusé, mais pas jugé, il devient en quelque sorte la victime d'un jugement de rue ou de réseaux sociaux parce qu'il y a une émotion - et je peux comprendre cette émotion parce que je partage la cause - alors (...) notre démocratie change de nature, elle devient une démocratie d'opinion", a poursuivi le président. "Moi, vous savez, pour la France, je veux le meilleur de notre pays, je ne veux pas le pire des sociétés anglo-saxonnes", a-t-il ajouté.
"Je chéris cette cause juste de la lutte contre les violences et de l'égalité effective entre les sexes, mais je chéris ce qui peut faire de notre démocratie une démocratie plus forte encore, celle de ne pas céder à l'émotion constante", a ajouté M. Macron, rappelant que les "accusations graves" contre M. Darmanin avaient fait l'objet d'enquêtes qui ont été classées ou n'ont pas eu de suites.
Avant de nommer M. Darmanin à l'Intérieur, M. Macron a d’ailleurs souligné qu'il avait “eu une discussion avec lui" à propos de ces accusations.
Polémique
Les nominations au gouvernement de M. Darmanin, mais aussi d'Eric Dupond-Moretti au ministère de la Justice - ex-avocat pénaliste très critique envers le mouvement #MeToo - suscitent depuis la semaine dernière la colère des mouvements féministes en France.
Dénonçant "la culture du viol En Marche", plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés vendredi à Paris et dans plusieurs villes pour dénoncer ces nominations.
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