Vous êtes un "combattant incorruptible" et vous avez entre les mains un fonctionnaire corrompu: tous les moyens sont bons pour l'éliminer, y compris la torture et la mort. Telle est la philosophie d'un jeu vidéo "pédagogique" développé par le comité de discipline du Parti communiste chinois de la ville portuaire de Ningbo, au sud de Shanghaï...
Le jeu vidéo "Combattant incorruptible", mis en ligne fin juillet, a provoqué un tel engouement que le jeu est devenu inaccessible: plus de 100 000 téléchargements en l'espace de quelques jours. Il met en scène des personnages célèbres de l'histoire de la Chine, qui conduisent la chasse aux corrompus et à leurs maîtresses (sur la capture d'écran ci-dessus, les concubines des fonctionnaires corrompus sont en bikini!). Le héros doit "éliminer" les corrompus, en utilisant tous les moyens à sa disposition, y compris la torture. Pas question, dans ce jeu vidéo "pédagogique", de les remettre à la justice! Selon le quotidien de Canton Nanfang Dushi Bao , lorsque vous tuez un fonctionnaire corrompu, vous gagnez des points, vous vous "purifiez" pour finir au "paradis honnête et débarrassé de la corruption", où "les oiseaux chantent, les fleurs sont parfumées, les hommes vivent dans l'amour et l'harmonie, la nation est prospère et le monde calme et pacifique".
Le quotidien se fait l'écho de quelques réserves d'internautes: certains se
demandent s'il est vraiment nécessaire de tuer les enfants de fonctionnaires corrompus avec leurs parents, pourquoi les concubines se battent en bikini. D'autres se demandent si les droits de propriété intellectuelle ont été respectés, car ils y trouvent beaucoup de ressemblance avec d'autres jeux chinois...
Le quotidien officiel China Daily pour sa part offre une présentation très édulcorée du jeu, citant Qiu Yi, un des initiateurs du projet dans la ville de Ningbo: "Nous voulons que les joueurs s'amusent, mais aussi apprennent à lutter contre la corruption et redécouvrent leur histoire". Mais l'article se termine par une méchante pique: "Ce sont les fonctionnaires, pas les jeunes, qui devraient être formés à la lutte anticorruption", commente Wang Xiongjun, un unversitaire pékinois...
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