Hier matin, le groupe d'expression gay et lesbienne de Lille a apporté son soutien devant le palais de justice à Mohamadou S., un Sénégalais menacé d'expulsion, finalement remis en liberté l'après-midi.
Audience très particulière hier après-midi devant le juge de la détention et de la liberté (JLD) Bertrand Duez.
En effet, Mohamadou S.,34 ans, un jeune Sénégalais qui ne cache pas ses orientations homosexuelles, avait déjà été remis en liberté par le JLD lillois le 10 mars dernier après son arrestation le 5 mars à Wazemmes lors d'un contrôle d'identité.
Or, surprise, la police arrête le 17 mars à nouveau « le jeune homme alors qu'il fait la queue devant un centre médical », précise son avocate, Me Eve Thieffry. Pourtant, le procureur lillois n'avait pas fait appel de cette remise en liberté.
Hier, les Flamands roses, dont le jeune homme est membre, ont donc pris contact avec des politiques pour maintenir la pression afin que le Préfet annule l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.
En effet, c'est après avoir été agressé et cambriolé dans son pays que Mohamadou est arrivé sur le territoire français en octobre 2009 fuyant le Sénégal où il se trouvait en danger à cause de son homosexualité, encore punie aujourd'hui d'une peine de prison de 5 ans. Il a immédiatement formulé une demande d'asile qui lui a été refusée. L'avocate de la victime a d'ailleurs déposé un recours auprès de la commission nationale du droit d'asile et est en attente d'une convocation.
Hier, à l'audience, Me Eve Thieffry découvre stupéfaite que la cour d'appel de Douai, sur appel du préfet, a infirmé la décision lilloise de remise en liberté. Or, son client n'a pas été averti de cet appel et de sa date ! Tout simplement parce que la notification de l'audience douaisienne a été envoyée au centre de rétention de Lesquin où tout le monde savait que le jeune homme ne se trouvait plus !
Alors que l'adresse du jeune homme est dans la procédure.
« Un pur scandale »
Mieux encore, un avocat commis d'office douaisien a plaidé sans prendre contact avec le jeune Sénégalais et sans avertir Me Thieffry dont le nom apparaissait évidemment dans la procédure ! « C'est un pur scandale, de l'acharnement, heureusement qu'on ne voit pas ça souvent » , tonnait hier Me Thieffry.
À 19 h 30, le président Duez libérait le jeune homosexuel. À 20 heures, le procureur annonçait qu'il n'y avait pas d'appel suspensif.
LISE DOMINGUEZ ET DIDIER SPECQ
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