Deux bâtiments de la marine grecque se rendent, jeudi, à l'île de Lesbos pour héberger des migrants du camp de Moria. La veille, le plus grand camp de réfugiés de Grèce a été ravagé par deux incendies. Aucune victime n'est à déplorer, mais des milliers de personnes se retrouvent sans abri.
"L'état d'urgence" est déclaré à Lesbos, après les deux incendies qui ont ravagé le camp de Moria. "Au moins 3 500 migrants sont sans abri (...) et nous prenons des mesures d'urgence pour ces personnes : les plus vulnérables, environ 1 000, seront hébergés sur un ferry [...] au port de Mytilène", chef-lieu de l'île grecque, a annoncé le ministre des Migrations grec, Notis Mitarachi, mercredi 9 septembre. Au total, deux bâtiments de la marine grecque ont été dépêchés sur l'île jeudi.
Le camp, complètement détruit, hébergeait quelque 12 700 demandeurs d'asile, soit quatre fois sa capacité d'accueil, dont 4 000 enfants. D'ores et déjà, la Commission européenne a annoncé qu'elle prenait en charge le transfert immédiat vers la Grèce continentale de 400 enfants et adolescents.
L'Allemagne, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, a demandé aux pays de l'UE d'accueillir des migrants du camp. Plusieurs milliers de personnes ont d'ailleurs manifesté spontanément, mercredi, dans plusieurs villes de ce pays pour exiger des autorités de prendre en charge des migrants.
Paris prendra sa part "dans la solidarité"
Pour l'Autriche, "si nous vidons le camp de Moria, il se remplira de nouveau immédiatement", a fait valoir son ministre des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg. Vienne va toutefois proposer un millions d'euros d'aides, par exemple pour acheter "des tentes et des couvertures" en Grèce, a-t-il ajouté.
La France s'est dite prête à "prendre sa part dans la solidarité".
"Aucune victime, ni blessé, ni disparu n'a été signalé", a souligné le ministre grec des Migrations, qui a salué "l'intervention rapide" des pompiers et des policiers".
Dans la nuit de mardi à mercredi, des milliers d'hommes, femmes et enfants sont sortis paniqués des tentes et des conteneurs, certains se réfugiant dans les champs d'oliviers environnants. Mercredi après-midi, la majorité d'entre eux se sont retrouvés assis au bord de la route reliant le camp au port de Mytilène, formant de longues files d'attente de trois kilomètres.
Mercredi soir, un nouvel incendie s'est déclaré dans une partie du camp qui avait été relativement épargnée, entraînant les mêmes scènes de chaos. Cet "incendie est plus limité que celui de mardi soir", a précisé un responsable des pompiers.
Protestations contre la quarantaine
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, qui a exprimé "sa tristesse", avait attribué l'origine du désastre à "des réactions violentes contre les contrôles sanitaires" effectués depuis la semaine dernière après la détection de 35 cas de Covid-19 dans le camp.
Le premier cas de coronavirus avait été détecté à Moria la semaine dernière et le camp a été immédiatement placé à l'isolement pour quinze jours.
Les ONG s'inquiètent de la situation. "De nombreuses personnes sont dispersées à des endroits sur l'île" où les ONG ne peuvent pas avoir accès, explique Giovanna Scaccabarozzi, employée de Médecins sans Frontières (MSF) à Lesbos, qui dit ressentir "détresse et désespoir".
Ces dernières années, le camp de Moria a été décrié pour son manque d'hygiène et son surpeuplement par les ONG, qui appellent régulièrement les autorités grecques à transférer les demandeurs d'asile les plus vulnérables vers le continent.
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