Les talibans multiplient les assauts meurtriers contre les positions de l'armée et de la police afghanes depuis le début de leur offensive de printemps, notamment cette semaine à Kandahar, témoignant de la vulnérabilité des forces régulières.
Une soixantaine d'hommes environ, fauchés sur leurs barrages ou dans l'enceinte même des bases militaires, ont été tués depuis lundi dans la seule province de Kandahar (sud), dans des attaques coordonnées conduites par des groupes d'insurgés comptant parfois plusieurs centaines de combattants.
Cette série noire intervient à peine un mois après l'attaque de la grande base militaire du nord, proche de Mazar-i-Sharif, le 21 avril, l'une des plus importantes du pays dans laquelle 135 jeunes soldats au moins - plus de 200 selon plusieurs sources non officielles - ont été abattus, principalement dans la mosquée ou au réfectoire.
La dernière en date de ces attaques, dans la nuit de jeudi à vendredi, s'est soldée par au moins quinze soldats tués - 20 morts et 16 blessés selon un responsable local - dans l'assaut de leur base dans le district de Shah Wali Kot, selon le ministère de la Défense.
"Les talibans ont lancé un assaut coordonné contre une base militaire la nuit dernière dans le district de Shah Wali Kot, dans la province de Kandahar", selon le porte-parole du ministère Dawlat Waziri, qui a précisé à l'AFP que l'attaque a "duré plusieurs heures".
Un porte-parole des talibans, Qari Yousuf Ahmadi, opérant dans le sud de l'Afghanistan, a revendiqué cette opération dans un communiqué, affirmant avoir tué 35 soldats et saisi de nombreuses armes et munitions.
'Mercenaires'
Le même scénario s'est répété au moins trois fois cette semaine à Kandahar, avec des bilans controversés: près de 30 soldats tués dans leur base, dans le district de Shahwlikot, lundi soir, treize autres mercredi soir dans le district de Miwand.
Chaque fois l'assaut conduit de nuit saisit ses cibles par surprise et les combats durent une bonne partie de la nuit.
Celle de lundi soir a été menée par plus de 200 assaillants selon les responsables locaux. Ils étaient encore "plusieurs centaines" jeudi soir.
Toutes ces opérations ont été revendiquées par les talibans, en pleine résurgence plus de 15 ans après avoir été chassés du pouvoir par les Américains. Le gouvernement afghan contrôle moins de 60% du territoire et face au risque croissant de déstabilisation, les Occidentaux déployés sous bannière de l'Otan (plus de 12.00 hommes dont 8.400 Américains) envisagent de renforcer leurs présence militaire.
En lançant leur offensive de printemps fin avril, les insurgés avaient promis de viser en priorité les armées occidentales, considérées comme des envahisseurs, ainsi que "leurs mercenaires locaux": ce sont les seconds, soldats et policiers, qui payent le prix fort jusqu'à présent.
La province de Kandahar, majoritairement pachtoune, est une de leurs place-forte à proximité du Pakistan. Cependant la sécurité s'y est considérablement améliorée ces dernières années, à l'exception de quelques poches de forte résistance.
Ces gains sont à mettre au crédit du puissant chef de la police dans la province, le général Abdul Raziq, controversé pour ses méthodes radicales.
L'officier, qui a miraculeusement échappé à un grave attentat dans la résidence du gouverneur de Kandahar, cet hiver - il était sorti prier quand la bombe a explosé - vient d'être mis en cause par les Nations unies pour son recours systématique à la torture - qu'il conteste.
Lors d'un rassemblement public, jeudi, le général Raziq s'en est d'ailleurs pris au gouvernement de Kaboul, qu'il a accusé de vouloir "déstabiliser" sa province.
"Quand une attaque se produit à Kandahar, le gouvernement central n'aide pas" a-t-il lancé.
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