Les relations entre la Russie et l'Europe ont atteint un "plus bas" en raison de l'empoisonnement puis de l'emprisonnement du principal détracteur du Kremlin, a jugé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à Moscou ce vendredi.
"Il est sûr que nos relations sont sévèrement tendues et l'affaire Navalny est un plus bas", a estimé Josep Borrell devant son homologue Sergueï Lavrov.
La Russie prête “à discuter”
Le ministre russe, sans évoquer le nom de l'opposant, s'est dit prêt à "discuter de n'importe quel sujet", tout en rendant l'UE responsable des tensions existantes. "Notre principal problème est l'absence de normalité dans les relations Russie-UE (...) c'est une situation malsaine qui ne sert personne", a-t-il dit, souhaitant une discussion "franche et détaillée" avec M. Borrell.
“Ingérence” européenne
La Russie a d'ores et déjà qualifié d’“ingérence" les critiques européennes dénonçant les poursuites contre M. Navalny et la répression brutale des manifestations de soutien à l'opposant ces derniers jours. L'UE a aussi dénoncé l'empoisonnement par un agent neurotoxique militaire développé à l'époque soviétique dont il a été victime en août en Sibérie.
Sanctions ciblées
Face au refus d'enquêter de Moscou, les Européens ont adopté des sanctions ciblées contre de hauts responsables russes. La Russie n'a jamais admis que M. Navalny ait fait l'objet d'une tentative d'assassinat ni reconnu les résultats des analyses de laboratoires européens identifiant le poison, évoquant un complot occidental. L'opposant accuse lui Vladimir Poutine d'avoir donné l'ordre de le tuer, et le FSB, les services de sécurité, de l'avoir empoisonné.
Volonté de travailler ensemble
Malgré ces désaccords flagrants, le haut représentant Borrell et le ministre russe Lavrov ont relayé vendredi en conférence de presse leur volonté de travailler ensemble. “Nous avons relevé notre disposition à coopérer de manière pragmatique là où il y a un intérêt commun, où c’est profitable pour les deux parties”, a affirmé Sergueï Lavrov.
“Utile de maintenir le dialogue”
Selon l’agence russe TASS, le ministre russe a avancé que les échanges de ce vendredi avaient montré qu’il était “utile, quoi qu’il en soit”, de maintenir un dialogue politique. “Nous avons de quoi faire, pour pousser la coopération dans toute une série de domaines prometteurs, y compris la lutte contre le terrorisme, la menace de la drogue qui émane d’Afghanistan, et d’autres”. Si les liens entre les deux parties se détériorent encore, cela pourrait avoir des “conséquences négatives et très imprévisibles”, a ajouté Sergueï Lavrov, toujours selon TASS.
Appel à libérer Alexeï Navalny
M. Borrell a noté l’existence de “sujets sur lesquels nous pouvons et devons travailler ensemble”, citant notamment “la culture, la recherche, le Covid-19, le climat”. Mais il a aussi souligné que “les questions d’État de droit, de droits de l’Homme, de société civile et de libertés politiques (restaient) centrales pour notre avenir commun”, et a réitéré l’appel européen à libérer Navalny.
Borrell n’a pas pu le voir
Le haut représentant est en Russie jusqu’à samedi. Il n’a pas rencontré l’opposant détenu mais l’UE est en contact avec ses proches, a assuré une porte-parole de la Commission européenne, Nabila Massrali. Le haut représentant “a abordé tous les sujets pertinents, y compris l’érosion des droits et libertés en Russie”, a-t-elle assuré.
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