Du Champ-de-Mars à la butte Montmartre, la crise du coronavirus a vidé des lieux généralement envahis par les quelque 50 millions de touristes qui visitent chaque année la capitale française, aujourd’hui rendue aux Parisiens.
En attendant la réouverture de la Tour Eiffel, le 25 juin, et celle du musée du Louvre, le 6 juillet, les 2,1 millions d’habitants confinés pendant deux mois profitent d’une ville différente, où la vie reprend avec la réouverture des terrasses de café.
“Il y a moins de monde dans les transports, dans les rues, on fait moins la queue mais il y a moins d’animation aussi. Avec les touristes il y a des interactions qui sont marantes”, déclarait mercredi soir à Reuters Paul Himbert, ingénieur en informatique de 23 ans.
Comme lui, Marie Merlin, 24 ans, est venue passer la soirée sur la pelouse des Invalides, transformée en vaste aire de pique-nique et de repos.
“Paris appartient certes aux Parisiens à l’heure actuelle, pas par choix mais parce que c’est comme ça, on espère que les touristes vont revenir”, souligne-t-elle.
Habitant du Marais, Thomas Michon a redécouvert son quartier touristique connu pour abriter de nombreux logements loués via des plates-formes en ligne.
“Les gens sont reconnectés avec leur ville, avec les citoyens autour d’eux, ça crée une sorte d’atmosphère un peu différente”, dit-il.
Plus au nord, à Montmartre, la place des Abbesses est rendue aux riverains venus prendre un dernier verre avant la nuit, promener leur chien ou acheter une baguette pour le dîner.
Une atmosphère de Paris éternel qui sied à l’Américaine Stephany Sandovan. “D’habitude Paris est plein de touristes. Là on peut apprécier la culture française de manière plus directe”, dit-elle devant une bière.
“Moi j’aime bien quand il y a des touristes, surtout à Montmartre, c’est un melting pot, toutes les cultures se rencontrent”, tempère son amie, Nadia Kadri.
Face à elles, trois musiciens s’installent pour faire la manche sur un air de bossa nova.
“On gagnerait un peu plus d’argent s’il y avait plus de monde c’est sûr, mais je trouve ça agréable. On sait que ça ne va pas durer”, note le tromboniste, Olivier Miqueu.
Devant le manège qu’elle tient sur la place depuis plus de 20 ans, Sandrine Harfouche se désole. Et pas seulement parce qu’elle a perdu 80% de son chiffre d’affaires avec la crise.
“Pour moi Paris c’est du monde, de l’animation. On vient chercher le contact, les gens, sinon on va vivre à la campagne”, dit-elle. “Les touristes, ici, ils dansent dès qu’il y a un chanteur, ils s’amusent. Là il n’y a rien. Au Sacré-Coeur, c’est d’une tristesse ! Un magasin sur quatre est ouvert, avec personne dedans. On a l’impression que c’est mort.”
Edité par Jean-Michel Bélot
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