Le désespoir règne aux îles Canaries, qui sont durement touchées par la crise du coronavirus. Si les voyages y sont toujours autorisés pour les Belges, les îles se sont vidées de leurs touristes. La crise économique y fait rage, et des dizaines de milliers de personnes craignent pour leur emploi, comme le rapporte le quotidien allemand Die Welt. “Ce qui se passe aux Canaries est une catastrophe”.
Les Belges ont toujours le droit de se rendre aux Canaries. Les îles de Gran Canaria, Fuerteventura et Lanzarote sont en zone orange, ce qui signifie qu’un test de dépistage du Covid-19 et le respect d’une quarantaine sont recommandés aux voyageurs à leur retour en Belgique. Les îles de Tenerife, La Gomera, La Palma et El Hierro sont quant à elles toutes en zone verte. Les vacanciers peuvent donc y circuler librement, sans condition supplémentaire. Pourtant, l’industrie du tourisme aux îles Canaries est au bord de l’effondrement.
Hôtels vides
Habituellement noir de monde en été, l’hôtel cinq étoiles San Blas, à Tenerife, par exemple, est aujourd’hui totalement vide. Sur le site web de l’établissement, il est indiqué que de nouvelles réservations pourront être effectuées à partir de novembre. Le directeur de l’hôtel Alirio Pérez a mis 100 employés au chômage partiel. Cinq personnes travaillent encore à plein temps pour entretenir les bâtiments et les jardins. “Ce qui se passe aux Canaries est une catastrophe”, a déclaré M. Pérez dans les pages du journal Die Welt. “Si nous ne mourons pas de Covid-19, nous allons mourir de faim”.
La pandémie de Covid-19 a frappé l’Espagne de plein fouet. Lors de la première vague, le virus s’est propagé de manière incontrôlée à travers le pays et le système de santé s’est effondré. À Madrid, une patinoire avait été aménagée pour entreposer les corps des défunts. Dans les maisons de retraite, des corps sans vie de résidents étaient retrouvés dans les lits. Le gouvernement a imposé l’un des confinements les plus sévères au monde. Rien qu’entre avril et juin, plus d’un million d’Espagnols ont perdu leur emploi.
Lueur d’espoir de courte durée
Dès la fin du mois de juin, les choses se sont améliorées. Les frontières ont été rouvertes à temps pour le début de la haute saison touristique. Le Premier ministre Pedro Sánchez a promis que l’Espagne était “sûre”. Peu à peu, les touristes ont à nouveau afflué dans le pays et l’espoir a repris. Mais pas pour longtemps.
Fin juillet, la Grande-Bretagne a imposé une quarantaine de deux semaines aux voyageurs revenant d’Espagne, et les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers le sud. Compte tenu de la nouvelle augmentation du nombre de personnes testées positives, le gouvernement espagnol a lui-même commencé à classer certaines régions du pays comme zones à risque, transformant ainsi le pays en une mosaïque de taches oranges et rouges. Et les conséquences sur le tourisme se font ressentir.
Soixante pour cent des habitants des îles Canaries gagnent - directement ou indirectement - leur vie grâce au tourisme. Mais aujourd'hui, il n’y a pratiquement plus de touristes. Les quelques restaurants et bars qui sont ouverts à Ténérife attendent parfois en vain les clients. Le Hard Rock Café est fermé. Ce calme entraîne de nombreux problèmes pour les hôteliers et les restaurateurs, qui comptent sur les touristes pour pouvoir vivre.
Le taux de chômage s’élève à 28 %. Si la situation ne s’améliore pas, il pourrait passer à 38 %. Certains craignent que le maintien des restrictions de voyage fasse beaucoup plus de dégâts que le coronavirus lui-même. “Aucune société ne peut résister à ce qui nous menace”, conclut Jorge Marichal, président de l’association hôtelière espagnole Cehat.
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