Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi une des figures les plus médiatiques des “Gilets jaunes”, Eric Drouet, à 2.000 euros d’amende, dont 500 avec sursis, pour organisation de manifestations non déclarées à Paris. Le ministère public avait requis le 15 février un mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende contre ce chauffeur-routier de Seine-et-Marne âgé de 34 ans.
Son avocat, Me Kheops Lara, a annoncé qu’il allait faire appel contre une peine certes symbolique mais qui n’en est pas moins une condamnation pénale. “C’est une décision très légère, en réalité, mais c’est vraiment une question de principe”, a expliqué l’avocat à des journalistes. “On fait diversion, avec Eric Drouet. On veut le faire passer pour un délinquant.”
“On a parfaitement conscience que ce qui se joue aujourd’hui ce n’est pas seulement Eric Drouet, ce sont aussi tous ces gens qui vont manifester, les ‘Gilets jaunes’” a-t-il ajouté. “Si ce n’était pas Eric Drouet, il n’y aurait pas de condamnation.” Eric Drouet, qui avait nié à l’audience du 15 février tout rôle d’organisateur, préférant celui de simple “relais”, était absent à l’annonce du jugement. Me Kheops Lara, qui avait déjà dénoncé un procès “clairement politique”, a invoqué des raisons professionnelles pour expliquer cette absence.
UN AUTRE PROCÈS À VENIR
Cette condamnation intervient la veille du 20e samedi de manifestation des “Gilets jaunes”, mouvement aux revendications hétéroclites né de la contestation des hausses de taxes sur les carburants, qui a donné lieu à de violents débordements. Il est reproché à Eric Drouet d’avoir appelé à manifester le 22 décembre à Montmartre, à Paris, pour le sixième samedi, après avoir signé une déclaration pour une manifestation à Versailles, et d’avoir organisé un rassemblement non déclaré le 2 janvier.
Il avait été interpellé le soir du 2 janvier rue Royale, dans le VIIIe arrondissement, au milieu de plusieurs dizaines de personnes avec lesquelles il avait descendu les Champs-Elysées et déposé place de la Concorde des bougies en hommage aux “Gilets jaunes” morts accidentellement en marge du mouvement.
Me Kheops Lara avait dénoncé le 15 février une interpellation arbitraire “pour des motifs politiques” et une “instrumentalisation” de la police et de la justice “pour mater un mouvement social majeur”. “L’ironie est que ce jugement arrive alors qu’Eric Drouet avait annoncé il y a deux semaines qu’il arrêtait de manifester, qu’il cherchait d’autres moyens d’action”, a-t-il souligné vendredi.
“En tout cas, il continue son action parmi les ‘Gilets jaunes’, il n’abandonne pas.” La maison et la voiture d’Eric Drouet ont été vandalisées avec de la peinture jaune dans la nuit du 19 mars. Il a porté plainte. Il sera de nouveau jugé le 5 juin pour port d’arme prohibé (un bâton), lors de la manifestation du 22 décembre.
Emmanuel Jarry, édité par Simon Carraud et Yves Clarisse
1 Commentaires
Mauritanien
En Mars, 2019 (19:24 PM)Participer à la Discussion