Le procès Bettencourt en appel s'est ouvert

Le procès en appel de quatre des huit condamnés pour des abus de faiblesse dont aurait été victime l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, atteinte de la maladie d'Alzheimer et placée sous tutelle, s'est ouvert mardi à Bordeaux. Un an après avoir été reconnus coupables d'avoir profité de la vulnérabilité de la milliardaire de 93 ans, les personnes qui ont fait appel nient toujours avoir commis le moindre abus de faiblesse pendant la période visée, entre 2006 et 2011.

Le photographe et confident de l'héritière de L'Oréal, François-Marie Banier, avait été le plus lourdement condamné pour avoir exercé sur la victime "une emprise particulièrement destructrice" pour mener à bien "une boulimie d'appropriation" de sa fortune selon le jugement en première instance. Il avait écopé d'une peine de trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350.000 euros d'amende, au versement de 158 millions d'euros de dédommagements sur le plan civil, et à la confiscation de deux immeubles saisis durant la procédure.

Une grande partie des accusations repose sur les déclarations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, qui a depuis été mise en examen à Paris pour faux témoignage, tout comme trois autres anciennes employées de la maison Bettencourt et une ami de la milliardaire. Le juge parisien Roger Le Loire soupçonne notamment Claire Thibout d'avoir menti en échange d'un versement de 400.000 euros d'indemnités et d'un prêt de 300.000 euros de la part de Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de Liliane qui avait déposé la première plainte pour abus de faiblesse en 2007.

ENQUÊTE À PARIS

Les avocats de François Marie-Banier devaient demander à la cour qu'elle ne tienne pas compte de ces témoignages. "Il faut rappeler qu'une enquête est menée à Paris depuis plus de trois ans, qui a réuni un certain nombre d'éléments essentiels dont aujourd'hui la crédibilité est largement mise en cause", a indiqué à la presse Me Laurent Merlet.

Le compagnon de François-Marie Banier, Martin d'Orgeval, condamné pour avoir bénéficié de libéralités, sera aussi dans le prétoire pendant les quelques deux semaines de procès. L'avocat Pascal Wilhelm, reconnu coupable d'avoir accompli des actes de gestion patrimoniale préjudiciables à Liliane Bettencourt et le notaire Patrice Bonduelle, condamné pour complicité d'abus de faiblesse, seront aussi présents.

L'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et 250.000 euros d'amende, a trouvé un accord transactionnel avec le tuteur de la milliardaire, sa fille Françoise Bettencourt-Meyers et sa famille. L'homme d'affaires Stéphane Courbit a également conclu un accord avec la famille Bettencourt pour rembourser les 140 millions d'euros investis par la milliardaire dans ses affaires. Enfin l'ex-ministre UMP Eric Woerth, poursuivi pour recel, avait été relaxé, tout comme le sera quelques mois plus tard l'infirmier de la milliardaire, Alain Thurin, jugé séparément après avoir tenté de mettre fin à ses jours.

(Claude Canellas, édité par Yves Clarisse)