Le Premier ministre travailliste maltais, Joseph Muscat, a reconnu que la journaliste et blogueuse assassinée lundi était sa "plus grande adversaire" mais a promis de retrouver et traduire en justice ses meurtriers. M. Muscat, accusé par le fils de Daphne Caruana Galizia d'être "responsable et complice" de l'attentat ciblé à la voiture piégée qui a tué sa mère, a tenté dans un entretien au journal italien La Repubblica, publié mercredi, de pointer l'opposition, assurant que c'est sur elle que portaient les dernières enquêtes de la militante anti-corruption.
"Il est impensable dans un pays comme Malte de mourir pour son travail, dans le cas de Mme Caruana Galizia, pour ce qu'elle a écrit", a-t-il insisté. "Elle était probablement ma plus grande adversaire, elle m'a attaqué depuis le temps où j'étais le chef de l'opposition. Mais c'était son travail", a-t-il rappelé, répétant qu'il avait fait appel à la police fédérale américaine (FBI) et à des services de sécurité européens pour retrouver les meurtriers. Daphne Caruana Galizia, 53 ans, a été à l'origine d'accusations de corruption ayant poussé M. Muscat à convoquer des élections anticipées en juin, qu'il a largement remportées grâce au boom économique actuel du petit pays.
Aucune piste tangible
"Pionnière du journalisme d'investigation à Malte", selon la Commission européenne, elle a été tuée lundi dans l'explosion d'une bombe sous sa voiture. Dans une autre interview au journal italien La Stampa, M. Muscat évoque le leader de l'opposition, Adrian Delia, indiquant qu'il avait été accusé pour "blanchiment d'argent, prostitution et autres" par la journaliste. Selon M. Muscat, celle-ci a également affirmé dans son blog avoir reçu des menaces de la part de "gens de l'opposition" le mois dernier. M. Delia a réclamé mardi la démission de M. Muscat, estimant qu'il avait été incapable de garantir la sécurité de la journaliste et blogueuse.
M. Muscat a vivement répondu à cette attaque lors d'une allocution à la télévision maltaise, affirmant qu'il ne pouvait pas protéger quelqu'un qui ne le voulait pas. Des experts néerlandais de la police scientifique sont arrivés mardi pour aider les enquêteurs qui, pour l'instant, n'ont fait état d'aucune piste tangible. Selon des sources policières maltaises, l'explosif utilisé, qui a propulsé la voiture de la journaliste dans un champ à plusieurs dizaines de mètres, était du Semtex, produit très puissant souvent utilisé dans des attaques terroristes d'envergure.
Le meurtre de cette journaliste dans un pays de l'Union européenne, dont Malte avait assuré la présidence tournante en début d'année, a soulevé une vague d'indignation dans le monde. Le secrétariat d'Etat américain a condamné mardi cette "attaque lâche" contre une journaliste "courageuse qui a voué sa carrière à faire la lumière sur la corruption".
0 Commentaires
Participer à la Discussion