Fragilisée par les déboires judiciaires de son parti, le Rassemblement national (RN, ex-Front national), Marine Le Pen a repris vendredi le sentier de la guerre contre Emmanuel Macron l’”européiste” et l’Union européenne. La dirigeante d’extrême droite a choisi la foire de Châlons-en-Champagne (Marne), dans cette France rurale qui est aussi la cible du président des Républicains, Laurent Wauquiez, pour effectuer sa rentrée politique après un été durant lequel elle ne s’est guère fait entendre.
“J’étais comme vous en vacances”, a-t-elle lancé aux journalistes qui l’interrogeaient. “Mais (...) nous sommes présents sur tous les sujets qui sont essentiels et croyez-moi (...), vous allez nous entendre.” Sèchement battue par Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle de 2017, elle espère prendre sa revanche lors des européennes de 2019, grâce notamment à la montée des populismes et de l’extrême droite en Europe.
“Au moment où il y a une véritable révolution démocratique en Europe qui émerge, pour la première fois, en réalité, dans l’Histoire, on a la possibilité de faire basculer la majorité qui existe au Parlement européen et de mettre un coup d’arrêt à cette Union européenne qui est objectivement délétère”, a dit la présidente du RN. “Nous sommes en campagne électorale permanente”, a-t-elle ajouté. “Nous menons un combat tous les jours contre cette Union européenne et il est évident que nous sommes déjà prêts à expliquer aux Français les raisons pour lesquelles il faut plus que jamais que l’UE s’arrête.”
DÉBOIRES JUDICIAIRES
Le chef de l’Etat, affaibli par une rentrée difficile, est son autre cible privilégiée. “Lors des élections européennes, Emmanuel Macron va être obligé de dévoiler ses cartes et d’expliquer qu’il est effectivement un européiste convaincu, qui plaide pour l’aggravation de tous les maux qui aujourd’hui frappent les Français”, a-t-elle déclaré. Elle a accusé le chef de l’Etat d’être “le défenseur d’intérêts privés” et “particuliers” au lieu de “défendre l’intérêt de la France, l’intérêt général, l’intérêt supérieur du pays et du peuple français”.
Le RN a hérité des affaires judiciaires du FN, dont le soupçon d’emploi fictif d’assistants parlementaires au Parlement européen, dossier dans lequel elle est elle-même mise en examen pour abus de confiance. La justice française a ordonné en juillet la saisie de deux millions d’euros, destinés au RN au titre de l’aide publique apportée aux partis et groupements politiques. Mesure dénoncée par ses dirigeants, qui crient à l’assassinat politique.
La presse s’est fait l’écho de rumeurs de plan social et de fermetures de permanences du RN, ce que Marine Le Pen a refusé de confirmer vendredi. Le RN a fait appel de la décision de justice. Le verdict est attendu le 26 septembre. “Si nous récupérons notre dotation, il n’y a pas de raison de prendre de mesures de ce type”, a dit Marine Le Pen.
“Mais il est sûr que d’ores et déjà il y a quand même une très lourde atteinte démocratique, puisque le premier parti d’opposition de France qu’est le RN non seulement ne peut pas fonctionner correctement mais ne peut même plus s’exprimer politiquement comme il devrait pouvoir le faire.”
Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet
2 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2018 (12:31 PM)Anonyme
En Septembre, 2018 (13:33 PM)Participer à la Discussion