Le ministère de l'Intérieur a fait saisir les numéros de deux hebdomadaires marocains qui avaient publié un sondage, pourtant favorable au roi Mohammed VI, sur le bilan de ses dix ans de règne.
Sonder la popularité d'un roi n'est pas du goût de la monarchie marocaine. Les hebdomadaires TelQuel et Nichane (indépendants) en savent quelque chose puisqu'ils ont eu la désagréable surprise de se voir faire saisir les numéros de leurs éditions où figuraient les résultats d'un sondage sur le bilan des dix ans de règne du roi.
"Ce sondage relève que 91% des Marocains interrogés jugent que le bilan de (la première décennie, ndlr) du règne du roi Mohammed VI est positif ou très positif", a expliqué Ahmed Benchemsi, directeur de TelQuel, avant de dénoncer cette saisie.
Réalisée en partenariat avec le journal français Le Monde, le
sondage censuré a provoqué un tollé dans les rangs journalistiques at auprès du
Syndicat national de la presse marocaine (SNPM).
"Par cette saisie et cette destruction, le gouvernement du Maroc s'attaque une nouvelle fois à la liberté de la presse et d'opinion, ce qui démontre de manière éclatante que la démocratisation du régime est un processus semé d'embuches", a estimé le groupe TelQuel, exprimant "avec force et conviction qu'il continuera à défendre les idéaux démocratiques". Le groupe qualifie également la saisie "d'illégale", dans un communiqué.
Pour sa part, le ministre de la Communication Khalid Naciri a déclaré samedi que "la monarchie au Maroc n'est pas en équation et ne peut faire l'objet d'un débat même par voie de sondage".
Un sondage favorable mais critique face aux réformes
Les résultats soulignent cependant une réserve de la population quant aux réformes politiques du gouvernement. Les marocains sont divisés face à l'action du roi dans la lutte contre la pauvreté et sur la réforme du code de la famille. Concernant la pauvreté, ils sont 37% à penser que la situation s'est améliorée dans les dix dernières années, mais également 37% à juger qu'elle n'a pas évolué, tandis que 24% d'entre eux estiment qu'elle s'est aggravée.
L'une des grandes réformes de la dernière décennie, celle du code de la famille qui, depuis 2004, fait des Marocaines les égales des hommes sauf en matière d’héritage, est loin de remporter l'adhésion des personnes interrogées. Elles sont 49% à penser que la réforme donne trop de droits aux femmes, 30% à juger qu'elle en donne suffisamment et ne doit pas évoluer, contre 16% qui jugent qu'il faut aller encore plus loin.
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