La justice britannique a ordonné mardi la libération sous caution de Julian Assange, le fondateur du site internet WikiLeaks, recherché en Suède dans une affaire de viol présumé et arrêté le 7 décembre à Londres.
Mais deux heures plus tard, le représentant de la Suède dans la procédure d'extradition a annoncé qu'il faisait appel de la décision du tribunal londonien. Julian Assange reste donc en prison.
Il doit désormais comparaître sous 48 heures devant la Haute cour de justice, qui décidera s'il convient ou pas de le maintenir dans la maison d'arrêt «victorienne» où il croupit, dans une cellule d'isolement, sans ordinateur et avec un contact réduit à une visite hebdomadaire, aux dires de ses avocats.
Un faux espoir durant deux heures
Ces derniers ont créé la confusion et vite déchanté, mardi après-midi. L'avocat londonien Mark Stephens a d'abord annoncé tout sourire aux journalistes qu'à moins d'un appel de la Suède, son client sortirait de prison après versement d'une caution de 240 000 ou de 200 000 livres (238 000 euros) selon les versions, exigée en liquide. La somme devait être déboursée par plusieurs personnalités dont trois cinéastes engagés, le Britannique Ken Loach, l'Américain Michael Moore et l'Australien John Pilger.
Pour prix de sa liberté, l'Australien de 39 ans devait par ailleurs accepter de porter un bracelet électronique permettant à la police de suivre ses déplacements, d'être assigné à résidence dans une propriété du Suffolk (nord-est de Londres) et de respecter un couvre-feu.
Julian Assange avait accueilli le pouce levé en signe de victoire la décision du tribunal de Westminster. Mark Stephens avait annoncé aux journalistes que la Suède renonçait à interjeter appel. Mais l'avocat est rapidement revenu sur ses dires, plaidant «un problème de communication». Julian Assange, rappelé devant le tribunal, s'est vu signifier l'appel suédois et son maintien en prison. C'est «un état de fait vraiment malheureux», a finalement commenté Me Stephens. «Tout cela tourne au procès spectacle», a-t-il estimé.
«L'accusation de viol ne tient pas»
«Il est très clair que le délit qui lui est reproché n'est pas extrêmement sérieux. On peut même arguer que l'accusation de viol ne tient pas», a considéré mardi Geoffrey Robertson, ténor du barreau venu renforcer l'équipe assurant la défense de Julian Assange. L'avocat, qui a la double nationalité britannique et australienne, a notamment défendu dans le passé l'écrivain Salman Rushdie, cible d'une fatwa des religieux chiites iraniens. Lui-même et son équipe soupçonnent la procédure suédoise d'être un leurre, ce que les autorités de Stockholm démentent.
Interviewé sur la chaîne de télévision Al-Jazira du Qatar lundi soir, Mark Stephens, avait affirmé que la procédure en cours n'était «rien d'autre qu'un moyen de maintenir en détention» le fondateur du site, le temps que Washington dépose une demande d'extradition en vertu d'une loi contre l'espionnage. WikiLeaks est dans le viseur de Washington depuis que des documents diplomatiques confidentiels ont été publiés.
«Mes convictions ne faiblissent pas. Je reste fidèle aux idéaux que j'ai exprimés», avait déclaré Julian Assange avant sa comparution mardi.
1 Commentaires
Rigina
En Décembre, 2010 (10:32 AM)Participer à la Discussion