Une bonne opération de communication pour la Libye
Alexandre
Buccianti
En tant que président en exercice de l’actuelle session de la Ligue arabe, le colonel Kadhafi a peu apprécié que la vedette lui soit volée par la Turquie. Il a donc décidé de réussir là où le convoi turc avait échoué de manière sanglante. Le cargo affrété par la Libye n’a jamais tenté d’échapper à l’escorte israélienne : il s’est contenté de gagner du temps en affirmant être victime d’une avarie. Le temps de faire parler de soi mais aussi, si l’on en croit la Fondation Kadhafi, d’engager des négociations indirectes.
Tripoli affirme être parvenue grâce à ces négociations à obtenir l’entrée à Gaza de ciment et de fer pour la construction de cinq cents unités de logement. La fondation libyenne souligne que c’est la première fois qu’un tel accord est réalisé. On en oublie presque les deux mille tonnes de nourriture et de médicaments qui passeront à Gaza par voie de terre à travers le terminal de Rafah.
Port d’Al-Arich et terminal de Rafah, une voie empruntée par de nombreux convois humanitaires mais qui ne font pas trop parler d’eux.
AFP
Le cargo d'aide libyen, qui devait initialement briser le blocus israélien de la bande de Gaza, s'est finalement mis à quai au port égyptien d'Al Arich mercredi soir et a accepté que son aide soit acheminée via l'Egypte, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Jusqu'au dernier moment, la Fondation Kadhafi, affréteur du navire, a fait planer le doute sur la destination finale du bateau alors que les militants pro-palestiniens et membres d'équipage qui se trouvaient à bord se disaient déterminés à se diriger vers Gaza malgré les menaces de la marine israélienne qui escortait le navire.
La Fondation a annoncé que le cargo Amalthea, même s'il déviait son cap, avait «marqué des points» en faveur du peuple palestinien et de la reconstruction de Gaza. «L'objectif d'Amalthéa a été atteint sans que le sang coule», a dit le directeur exécutif de cette Fondation, Youssef Sawan.
Selon lui, la Fondation a obtenu des garanties du Caire et d'un «médiateur
européen» qu'il n'a pas nommé pour qu'Israël accepte l'entrée de
la cargaison du navire à Gaza. Parti samedi soir de Grèce, le cargo est
chargé de deux mille tonnes d'aide humanitaire sous forme de nourriture
et de médicaments, selon la fondation libyenne.
La Libye a aussi obtenu des garanties pour «dépenser 50 millions de
dollars dans la construction de logements dans la bande de Gaza avant
l'hiver», a dit encore M. Sawan. «Dès que le cargo arrivera à
Al Arich, les autorités égyptiennes le déchargeront et remettront l'aide
au Croissant-Rouge égyptien, qui la livrera aux Palestiniens»,
avait auparavant précisé Ahmad Aboul Gheit, le ministre égyptien des
Affaires étrangères. Les autorités portuaires égyptiennes ont indiqué
qu'il devrait être déchargé jeudi. Le port d'Al Arich est à 50 km au
sud-ouest de la bande de Gaza.
«Nous sommes heureux de constater que le bateau a accosté à Al
Arich et que sa cargaison puisse être transférée par les voies établies»
vers Gaza, a affirmé à l'AFP Richard Miron, porte-parole de l'envoyé
des Nations unies pour le Proche-Orient, Robert Serry. «Nous
souhaitons que toute confrontation soit évitée, et continuerons
d'appeler toutes les parties impliquées à faire preuve de calme et de
retenue», a-t-il ajouté.
Israël a déployé d'intenses efforts diplomatiques pour que le cargo se
déroute vers l'Egypte en avertissant qu'il n'hésiterait pas à
l'arraisonner s'il maintenait le cap sur Gaza.
Le cargo avait à son bord 21 personnes : 12 membres d'équipage, huit
activistes pro-palestiniens et un journaliste.
Le 31 mai, des commandos israéliens avaient intercepté une flottille humanitaire internationale qui s'efforçait de «briser» le blocus israélien. L'opération israélienne, mal préparée et mal exécutée avait entraîné la mort de neuf militants turcs pro-palestiniens, soulevant un tollé dans le monde entier. Israël a défendu mercredi devant le Comité des droits de l'Homme de l'ONU à Genève son droit à exercer des «représailles» contre tout navire qui tenterait de «violer» le blocus imposé à la bande de Gaza.
Après le 31 mai, Israël a accepté d'alléger le strict blocus qu'il
impose à Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, et
affirme que seuls les armes et les biens pouvant être utilisés à des
fins militaires demeurent interdits. Il maintient toutefois son blocus
maritime de peur que des armes ne soient livrées à Gaza par la mer.
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