Les autorités du Bangladesh ont entamé mardi la réinstallation d’un second groupe de réfugiés Rohingyas de Birmanie sur une île du Golfe de Bengale en dépit de l’opposition de mouvements de défense des droits de l’homme qui soulignent la vulnérabilité du site face au risque d’inondations.
Les Nations unies ont indiqué qu’elles n’étaient pas associées à ces déplacements et ont enjoint au gouvernement bangladais de s’assurer qu’aucun réfugié ne serait contraint de s’installer sur l’île de Bhasan Char.
Cette île récemment formée par accumulation de limon à proximité de la ville portuaire de Chittagong a accueilli un premier groupe de 1.600 Rohingyas au tout début du mois.
Quelque 1.800 réfugiés supplémentaires doivent les y rejoindre à bord de sept navires de la marine bangladaise. “Nous sommes prêts à prendre en charge de nouveaux arrivants”, a déclaré le commodore Abdullah Al Mamun Chowdhury.
Les autorités ont construit sur Bhasan Char des hébergements collectifs susceptibles d’accueillir 100.000 personnes. Une digue de 12 km a été édifiée pour protéger l’île des inondations. “L’île est totalement sûre”, a déclaré à l’agence Reuters le ministre des Affaires étrangères, Abdul Momen.
Le gouvernement assure également que ces réinstallations sont volontaires, mais des réfugiés du premier groupe de Rohingyas transférés début décembre ont dit avoir été contraints de gagner Bhasan Char.
“L’absence de transparence dans le processus de consultation mené avec les réfugiés, et les allégations émanant de cette communauté sur des incitations financières offertes aux familles Rohingya acceptant d’être relocalisées à Bhasan Char de même que des techniques d’intimidation posent des questions quant à ce processus de réinstallation”, a déclaré Amnesty International.
Ces interrogations sont écartées par Abdul Momen. Le ministre affirme que les Rohingyas qui ont accepté leur transfert vers Bhasan Char sont très satisfaits par cet arrangement. “Des groupes malfaisants, ajoute-t-il, répandent une propagande négative.”
Le premier transfert, le 4 décembre dernier, a suscité des inquiétudes, exprimées notamment par le département d’Etat aux Etats-Unis de même que par l’enquêteur spécial de l’Onu pour la Birmanie, Thomas Andrews.
Plus d’un million de Rohingyas ont fui l’est de la Birmanie vers le Bangladesh face à des campagnes de répression dont cette communauté musulmane se dit victime dans l’Etat de Rakhine (Arakan).
Aux critiques des Nations unies, le gouvernement bangladais répond en demandant à l’Onu d’aller d’abord évaluer la situation en Birmanie avant de se pencher sur les conditions d’hébergement à Bhasan Char.
Ruma Paul; version française Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault
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