Depuis plusieurs mois, l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump ne cesse de mentionner dans ses discours un «ennemi de l’intérieur», terme qui se veut sinistre, rappelant l’anticommunisme des années 1950.
«L'ennemi de l’intérieur, ils vont détruire ce pays». Donald Trump distille depuis plusieurs mois une vague sinistre dans ses discours, reprenant un vieux concept de «chasse aux sorcières», destiné à semer le trouble aux Etats-Unis, se plaçant ainsi en tant que sauveur de l’Amérique.
«Il y a la Russie, il y a la Chine. Mais avec un président intelligent, c'est en réalité assez facile à gérer», a-t-il par exemple affirmé dans un entretien diffusé dimanche par la chaîne Fox. «L'ennemi de l’intérieur, par contre, ils vont détruire ce pays», a-t-il ajouté.
«La menace de forces extérieures est bien moins inquiétante, dangereuse et grave que la menace venue de l'intérieur», avait aussi déclaré le magnat républicain de 77 ans, candidat à la présidentielle de novembre, lors d'un meeting dans le New Hampshire, dans le nord-est des Etats-Unis.
LE RETOUR DU MACCARTHISME
L’ancien homme d'affaires, multi-inculpé, à travers ce vocabulaire usité par les régimes totalitaires du XXe siècle, s'adresse non seulement au président des Etats-Unis Joe Biden, «mais il y a aussi de plus en plus de menaces contre le système judiciaire, des juges, des procureurs», selon Rebecca Gill, qui enseigne les sciences politiques à l'université du Nevada (ouest).
Pendant ses discours, Donald Trump accuse cet «ennemi de l'intérieur», de le persécuter, mais aussi de vouloir ouvrir les vannes de l'immigration clandestine, augmenter les impôts, saper les valeurs traditionnelles. «Cela résonne avec ce que l'on a pu entendre dans le passé de la part de gouvernements fascistes et autoritaires», a relevé l'universitaire.
Pour rappel, le terme d'«ennemi de l'intérieur» est apparu dans la vie politique américaine en 1950, dans un discours qui révèle au grand public un certain Joseph McCarthy, sénateur du Wisconsin. Son nom est associé à ce que l'on a appelé la «chasse aux sorcières», une traque des sympathisants communistes dans l'administration américaine et, plus largement, dans tous les secteurs de la société.
Selon Leonard Glass, psychiatre ayant participé à un ouvrage collectif intitulé «Le dangereux cas Donald Trump», publié en 2017, le concept tel qu'employé par le candidat républicain a pour principal objectif de chauffer à blanc ses partisans. C'est «une invocation répétitive qui attise la suspicion contre tous ceux dont les vues sont différentes, et qui les rend responsables de tous les maux. Ils ne sont pas vus comme des compatriotes méritant un débat respectueux, mais comme de vils usurpateurs», a-t-il estimé.
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