"Victoire cauchemardesque", "amère victoire", "à qui gagne perd": la presse allemande et étrangère souligne lundi une victoire en demi-teinte pour la chancelière Angela Merkel et son union CDU/CSU, créditées d'un score en baisse par rapport aux scrutins précédents et qui se retrouvent face à la percée historique de la droite populiste de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) et au revers de l'allié sortant social-démocrate (le SPD) qui a choisi de passer dans l'opposition. "Mokerslag in Duitsland", titre en Une le journal néerlandais "Algemeen Dagblad" lundi, ce que l'on pourrait traduire par "coup de massue en Allemagne".
Les scores des principaux prétendants au Bundestag et à la Chancellerie y sont résumés, sans détour, par les termes "maigre consolation" pour la pourtant victorieuse CDU/CSU et son icône Angela Merkel, qui s'apprête à entamer un quatrième mandat de chancelière, "historique" pour l'AfD et Alexander Gauland et "catastrophique" pour le SPD de Martin Schulz. "La progression spectaculaire des populistes de droite constitue un tournant historique pour la vie politique allemande": le quotidien conservateur allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung abonde dans le même sens, au sujet de l'entrée de l'AfD au Bundestag.
La montée de l'Afd, un élément de "toxicité" dans la politique allemande "La montée de l'AfD est indubitablement inquiétante", commente le quotidien britannique The Guardian dans son éditorial, qui y voit le "signe d'une fragmentation politique grandissante". "Cela introduit dans la politique fédérale allemande un élément de toxicité et de polarisation, au sujet duquel tous ceux qui sont attachés à la démocratie libérale ne peuvent qu'être inquiets".
Un quatrième mandat qui s'annonce "singulièrement plus compliqué" De l'autre côté de l'Atlantique, un éditorialiste du Washington Post estime que "ce qui avait été le sens accru de supériorité morale de l'Allemagne - par rapport à la France, à la Pologne et à d'autres voisins aux politiciens nationalistes tapageurs; par rapport aux Etats-Unis et à leur Maison Blanche dysfonctionnelle - diminuera rapidement. L'Allemagne devient désormais l'un de ces pays luttant contre des problèmes similaires, plutôt qu'un 'outsider' désintéressé".
La nécessité pour les chrétiens démocrates de Merkel de s'atteler à la formation d'une nouvelle coalition rendra le quatrième mandat de la chancelière "singulièrement plus compliqué", juge le New York Times, qui prédit "des semaines de douloureuses négociations". "Consternation" En Allemagne, le quotidien Bild parle d'une "victoire cauchemardesque". "La consternation règne dans les rangs conservateurs et la principale responsable est toute désignée", souligne le journal de centre-gauche Süddeutsche Zeitung. Merkel, la "mère de l'AfD" "Merkel, à qui gagne perd", résume le français Libération. "C'est affaiblie que la chancelière cherchera à former son prochain gouvernement", ajoute le quotidien, tandis que le Figaro affiche en Une une "Amère victoire" pour celle qui devrait se diriger vers une coalition "Jamaïque".
"Pour se hisser à la mesure de son vrai modèle, la Grande Catherine de Russie, dont elle sonde régulièrement le portrait posé sur son bureau, la route est encore longue", peut-on lire dans l'éditorial du Figaro. "La 'Mutti' allemande (...) n'a pas encore laissé d'empreinte réformatrice bien profonde. "Sa nouvelle victoire a même un goût amer. La place de la chancelière dans la postérité est entachée par le score historique des populistes de l'AfD. Sa politique migratoire conjuguée à l'alliance avec le SPD a offert ce résultat à l'extrême droite, qui fait une entrée en force au Bundestag, une première dans l'après-guerre. Voici 'Mutti' transformée en 'mère de l'AfD'".
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Anonyme
En Septembre, 2017 (15:02 PM)Participer à la Discussion