Marine Le Pen a définitivement rompu les ponts avec son père, Jean-Marie Le Pen, en l'accusant mercredi de lui "nuire" par des "provocations grossières" et en annonçant qu'elle s'opposerait à sa candidature aux élections régionales de décembre.
Cette décision sans appel, qui ajoute un chapitre inédit aux annales politiques françaises, fait suite à l'interview du président d'honneur du Front national, qu'il a fondé en 1972, dans l'hebdomadaire d'extrême droite "Rivarol".
"C'est une crise sans précédent", reconnaît dans Le Monde Marine Le Pen, qui a succédé à son père en janvier 2011 à la présidence de sa formation politique.
Jean-Marie Le Pen a répliqué à sa fille sur RTL en la pressant de "se poser la question de savoir si ce qu'elle fait est utile à la cause qu'elle prétend servir".
"Je lui réponds: un bienfait n'est jamais pardonné. Je pense que la liberté de penser, la liberté d'expression sont des biens précieux et que le Front national doit les défendre."
Dans l'entretien à paraître jeudi, Jean-Marie Le Pen se dit "trahi par les siens", attaque le Premier ministre Manuel Valls, "l'immigré", répète que les chambres à gaz sont pour lui un "détail de l'Histoire" et réhabilite le maréchal Pétain, incarnation de la collaboration avec le nazisme.
"Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique", écrit Marine Le Pen dans un communiqué.
"Son statut de président d’honneur ne l’autorise pas à prendre le Front national en otage de provocations aussi grossières dont l’objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement, à ses cadres, à ses candidats, à ses adhérents, à ses électeurs."
"PROTÉGER AU MIEUX" LE FN
La présidente du FN, dont l'entreprise de "dédiabolisation" du parti s'est heurtée à la volonté de Jean-Marie Le Pen et à ses dérapages récurrents et condamnés sur la Shoah et la Seconde guerre mondiale, notamment, annonce qu'elle s'opposera à la candidature de son père lors du bureau politique du 17 avril chargé d'investir les têtes de liste.
Jean-Marie Le Pen, qui est âgé de 86 ans, briguait la direction de la liste en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA).
La candidature de la députée Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, serait envisagée à sa place.
Marine Le Pen semble envisager d'autres mesures de rétorsion : "C’est avec une profonde tristesse que je suis contrainte de réunir rapidement un bureau exécutif afin d’envisager avec lui les moyens de protéger au mieux les intérêts politiques du Front national".
Avant elle, son compagnon Louis Aliot, vice-président du parti, et Florian Philippot, également vice-président, avaient signifié à Jean-Marie Le Pen une rupture "totale et définitive".
"L'entretien de Jean-Marie Le Pen dans ce torchon antisémite est parfaitement scandaleux, nos désaccords politiques [sont] désormais irréconciliables", écrit notamment Louis Aliot.
"C'est une attaque contre Marine, contre Rassemblement Bleu Marine, contre le Front national. On a créé une nouvelle force politique, détachée de tout ce passé lointain, lointain, lointain, et Jean-Marie Le Pen, comme un vieil acteur, avec un vieux texte, remonte sur scène et ça nous fait un tort fou", a commenté sur iTELE Gilbert Collard, secrétaire général du RBM.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a estimé sur France Inter que "le Front national, c'est lui" -- Jean-Marie Le Pen.
"Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que nombre de responsables, de militants et même d'électeurs du FN pensent".
Le président d'honneur du FN a été condamné 18 fois pour ses propos sur les chambres à gaz, en première instance ou en appel, dont cinq fois pour contestation de crimes contre l'humanité ou consentement à l'horrible.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)
5 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2015 (15:05 PM)Weuz
En Avril, 2015 (16:46 PM)Mols
En Avril, 2015 (17:35 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (20:59 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (01:29 AM)Participer à la Discussion