Andreï Jelezniakov a été exposé à ces agents innervants extrêmement puissants lors d'une fuite accidentelle en 1987. Il est mort cinq ans plus tard, dans l'indifférence générale. Le 4 mars dernier, l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Yulia ont été retrouvés inconscients sur un banc de Salisbury en Angleterre après avoir été contaminés par le Novitchok, un poison développé par l'Union soviétique durant la Guerre Froide.
Il s'agit d'une série d'agents innervants considérés comme des armes chimiques, plus nocifs encore que le gaz sarin. Skripal et sa fille ont été placés en soins intensifs et restent dans un état critique, tandis que la Russie nie son implication dans l'attaque. Quel programme Novitchok? Mais pour Vil Mirzaïanov, un chimiste à la retraite qui a travaillé près de 30 ans dans des laboratoires soviétiques, "seuls les Russes" ont mis au point le Novitchok.
"Ils les ont gardés et les gardent toujours au secret." Il est convaincu que Moscou a "voulu intimider quelqu'un, un opposant de Poutine ou du Kremlin." La semaine dernière, la Russie a encore démenti l'existence de tout programme de développement d'armes chimiques du nom de "Novitchok". Vil Mirzaïanov a été l'un des premiers lanceurs d'alerte au début des années 1990 en s'exprimant d'abord dans les médias russes. En 2007, il a publié le livre "State Secrets".
"C'est fini pour moi" Jusqu'à présent, le seul décès officiellement lié au Novitchok est celui d'Andreï Jelezniakov, un jeune scientifique qui a participé au développement de ces armes chimiques en laboratoire, lit-on sur le site du Guardian. En mai 1987, il a été exposé au produit lors d'une fuite accidentelle. "Des cercles sont apparus devant mes yeux: rouge et orange.
Un bourdonnement dans mes oreilles, j'ai repris mon souffle, et puis un sentiment de peur: comme si quelque chose allait arriver", a-t-il confié au journal Novoye Vremya en 1992, qui n'existe plus. "Je me suis assis et j'ai dit aux gars: c'est fini pour moi." Mort tragique et douloureuse "Il n'avait pas peur de parler parce qu'il savait que ses jours étaient comptés", explique Vil Mirzaïanov.
"C'est vraiment tragique qu'il soit mort à cause de la même arme qu'il a aidée à créer et à révéler au monde." Après son empoisonnement, un supérieur de Jelezniakov lui a dit de prendre un thé en assurant que tout irait bien. Il a immédiatement vomi, et on lui a administré un antidote. Mais il a passé des mois dans le coma. Il a souffert en silence pendant que sa santé se détériorait et que le gouvernement continuait à lui verser un salaire confortable. Attaque cérébrale Le Novitchok s'attaque à une enzyme permettant la relaxation musculaire et affecte le système nerveux de manière irréversible.
Les victimes sont incapables de se concentrer, elles ont des crises d'épilepsie, des douleurs chroniques. Le poison entraîne souvent des cirrhoses et des hépatites. Seul, déprimé et ignoré de tous, Jelezniakov est mort d'une attaque cérébrale en 1993 alors qu'il mangeait son repas du soir, après avoir révélé ses secrets cinq mois plus tôt dans la presse. Selon le Guardian, d'autres scientifiques sont probablement décédés à cause du Novitchok mais les autorités refusent de commenter.
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