Dans une interview accordée au Guardian, Alia Ghanem, la mère d'Oussama Ben Laden, se livre pour la première fois sur son fils. La mère de l'ancien leader d'al-Qaïda revient sur sa jeunesse et les raisons de sa radicalisation.
Un «très bon garçon», qui «m'aimait profondément». C'est en ces termes qu'Alia Ghanem décrit son fils, dont le nom restera à jamais attaché à l'essor du terrorisme djihadiste et à l'attentat du 11 septembre 2001. Pour la première fois, la mère de Ben Laden a décidé de prendre la parole, depuis sa maison de Djeddah, en Arabie Saoudite. Au journal anglais The Guardian, elle décrit sa peine et sa détresse. La peine d'une mère qui a survécu à son fils et la détresse d'une femme impuissante face au destin sanglant du terroriste.
Entourée de ses deux fils et de son second époux, cette femme de 84 ans explique que ce n'est qu'à l'âge de 20 ans, alors qu'il étudie à l'université, qu'Oussama Ben Laden se tourne vers la religion. «Les gens à l'université l'ont changé, il est devenu un homme différent», assure-t-elle. C'est à cette période que Ben Laden rencontre un certain Abdullah Azzam. Frère musulman, il devient le conseiller du jeune Ben Laden. Pour la mère du terroriste, ce Abdullah Azzam a opéré un vrai «lavage de cerveau» sur son fils. Elle lui aurait d'ailleurs plusieurs fois demandé de couper les liens avec tous les membres de ce qu'elle décrit comme une «secte».
«Au début, nous étions tous très fiers de lui»
Selon Alia Ghanem, tout a basculé en 1980. C'est cette année qu'Oussama Ben Laden se rend en Afghanistan pour combattre les Russes. «Au début, nous étions tous très fiers de lui», explique un de ses frères. Il ajoute: «même le gouvernement le traitait de manière très respectueuse. Puis il est devenu Oussama le Moudjahid». Difficile en revanche pour la famille d'expliquer comment il est passé de combattant pieux à terroriste.
«Elle aime tellement son fils qu'elle refuse de le blâmer. Elle ne connaît que la facette du gentil garçon, pas celle du djihadiste»
Hassan, un demi-frère de Ben Laden
Alia Ghanem explique que la famille verra Oussama Ben Laden pour la dernière fois en 1999, deux ans avant les attentats du 11 septembre à New York. «Nous sommes allés à Kandahar en Afghanistan. Il était très heureux de nous recevoir et nous a fait visiter la ville», se rappelle la mère de Ben Laden. Un des demi-frères du terroriste va un peu plus loin: «même si le 11 Septembre a eu lieu il y a dix-sept ans, elle reste dans le déni. Elle aime tellement son fils qu'elle refuse de le blâmer. Elle ne connaît que la facette du gentil garçon, pas celle du djihadiste».
L'ombre inquiétante du fils de Ben Laden
Sur le sujet des attentats du 11 septembre, les deux frères expliquent avoir su depuis le début qu'Oussama Ben Laden était derrière les attaques. «Vieux et jeunes, on avait tous honte de lui. On a tous su qu'il y allait avoir des conséquences terribles pour notre famille». Très vite, les Ben Laden sont interpellés par les autorités et ont pour interdiction de quitter l'Arabie saoudite. Aujourd'hui, les Ben Laden vivent dans une riche demeure, signe de leur fortune et de leur influence. Ils expliquent pouvoir aller et venir plus librement que pendant les années suivant les attentats.
Parmi les inquiétudes qui rongent encore les Ben Laden, il y a Hamza, 29 ans. Il s'agit du plus jeune fils d'Oussama Ben Laden. Considéré comme un terroriste par les États-Unis, il serait actuellement en Afghanistan. Son oncle Hassan le déplore: «si Hamza était devant moi maintenant, je lui dirais: ‘‘Dieu te guide. Réfléchis à deux fois à ce que tu fais. Ne reprends pas les pas de ton père. Tu entres dans des parties horribles de ton âme'' .»
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