La livre turque perd plus de 3% lundi contre le dollar après une période fériée de près d’une semaine, affectée par la persistance des craintes entourant la querelle diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis au sujet d’un pasteur américain détenu par Ankara. Vers 10h30 GMT, la devise turque recule de 3,58% à 6,215 livres pour un dollar contre une clôture à 6,00 vendredi, qui marquait la fin de plusieurs jours fériés à l’occasion de la fête de l’Aïd el Kebir.
Durant cette période, la livre turque a peu varié, après avoir chuté jusqu’à 7,24 face au dollar le 13 août, un plus bas historique. Les investisseurs s’inquiètent des vives tensions entre Washington et Ankara après l’emprisonnement du pasteur Andrew Brunson, accusé par les autorités turques de terrorisme. “La sensibilité du taux de change provoquée par les tensions entre nous [la Turquie, ndlr] et les Etats-Unis continue”, indique Seda Yalcinkaya Ozer, analyste chez le courtier Integral, ajoutant que les devises des marchés émergents étaient globalement plus faibles face au dollar.
Les investisseurs seront attentifs lundi à la rencontre prévue entre le ministre turc des Finances Berat Albayrak et son homologue français Bruno Le Maire à Paris, qui devrait déboucher sur un communiqué attendu à 13h30 GMT.Lors d’une conférence téléphonique tenue avant la semaine fériée, Berat Albayrak a assuré aux investisseurs que la Turquie sortirait plus forte de la crise, assurant de la solidité des banques du pays et du soutien du gouvernement au secteur si nécessaire.
L’INFLATION AU PLUS HAUT
L’autoritarisme du président turc Recep Tayyip Erdogan et sa mainmise sur la politique monétaire alimentent par ailleurs les craintes des investisseurs sur la livre turque. Le président turc est opposé à une hausse des taux et l’inflation a atteint près de 16% en juillet, le taux le plus élevé observé en plus de 14 ans. Les chiffres sur l’inflation en Turquie seront publiés le 3 septembre et la banque centrale turque tiendra une réunion de politique monétaire le 13 septembre, après avoir maintenu inchangés ses taux lors de sa dernière réunion, une décision tout à fait inattendue.
Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi que l’engagement et la détermination des Turcs étaient la garantie nécessaire pour combattre les attaques contre l’économie du pays. Le président turc considère la chute de la livre comme le résultat d’une “guerre économique” contre la Turquie alors que les Etats-Unis ont doublé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium turcs en représailles à l’emprisonnement du pasteur américain. L’indice BIST 100 de la Bourse d’Istanbul, fermée lors des quatre dernières séances, avance lundi de 0,78%.
Daren Butler et Behiye Selon Taner, Blandine Hénault pour le service français, édité par Patrick Vignal
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En Août, 2018 (18:08 PM)Anonyme
En Août, 2018 (18:08 PM)Participer à la Discussion