Le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner et le chef de file des députés de la Nouvelle Gauche Olivier Faure ont dénoncé vendredi un projet de réforme constitutionnelle “déséquilibré” qui risque, selon eux, de renforcer le pouvoir d’Emmanuel Macron en rognant celui du Parlement. Les deux élus ont été reçus à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe, qui a entamé lundi une série de consultations censées s’achever avec celles des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, mercredi prochain.
Le projet de réforme, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, prévoit notamment une baisse du nombre de parlementaires, une limitation du cumul de mandats dans le temps et l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives. Le texte vise, selon l’Elysée, à “moderniser la vie démocratique et rendre plus efficace le travail parlementaire”, des arguments qui n’ont pas convaincu Olivier Faure, le député dénonçant un projet “totalement déséquilibré”.
“Pour l’instant, ils alignent des propositions qui peuvent paraître être de bon sens mais qui en réalité vont conduire à un déséquilibre”, a-t-il dit à la presse. “Nous allons aller vers une République qui sera dans les mains d’un seul homme et qui sera en fait complètement conduite par le président”. La copie gouvernementale ne permet pas “un rééquilibrage institutionnel entre le pouvoir exécutif et législatif”, ni de “mécanisme participatif qui permettrait l’introduction des Français dans le jeu politique”, a-t-il ajouté.
“Rien de tout cela n’est prévu, on est même en train de vouloir limiter le droit de l’amendement”. La proposition du gouvernement de limiter ce droit en fonction de l’importance du groupe cristallise depuis plusieurs jours les critiques d’une partie des parlementaires, qui critiquent une atteinte au “pluralisme politique”. “C’est une provocation”, a jugé Patrick Kanner, également reçu vendredi à Matignon.
“Même si c’est un leurre pour le retirer ensuite, le fait même de l’inscrire dans la démarche montre le peu de respect que porte potentiellement l’exécutif face au Parlement”. La volonté du chef de l’Etat “est en réalité d’offrir comme bouc émissaire à notre pays les élus dont il n’a que faire (...) alors qu’ils sont un contre-pouvoir nécessaire”, a abondé Olivier Faure qui y voit un “écran de fumée” pour dissimuler des réformes qui “mettent en pièces le modèle social”. Près de 82% des personnes interrogées par l’institut de sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro jugent utile la réforme des institutions souhaitée par le chef de l’Etat.
Marine Pennetier, édité par Sophie Louet
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