Plus de 40.000 téléphones et accessoires ont été saisis dans les prisons françaises en 2017. Pour contrer cette prolifération, le gouvernement a lancé simultanément deux grands chantiers: le brouillage des communications mobiles et l'installation de 50.000 téléphones fixes en cellule. "Les portables en prison, c'est une bataille perdue", estime un cadre de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP).
Pour autant, le ministère de la Justice veut relever le défi et la prison parisienne de la Santé, qui rouvrira ses portes le 7 janvier après quatre ans de travaux, fera figure de pionnière de ce dispositif dont l'installation va s'échelonner jusqu'en 2022. En 2017, un nouveau record a été battu: 40.067 téléphones et accessoires (chargeurs, cartes SIM...) ont été saisis dans les 180 prisons françaises, un chiffre en hausse constante depuis dix ans.
Pour la DAP, cette prolifération s'explique à la fois parce que "le nombre de détenus ne cesse d'augmenter", qu'il y a "plus de téléphones en circulation" et aussi parce qu'"ils sont mieux repérés". Les appareils entrent facilement en prison, par projection dans les cours de promenade ou via les parloirs. "Certains contiennent très peu de métal et sont pratiquement indétectables", expliquent des surveillants.
Le phénomène est amplifié par les fuites d'images prises en détention, qui font fureur sur les réseaux sociaux. Comme en témoigne, dernièrement, la diffusion d'images du rappeur Kaaris, incarcéré après une rixe avec son rival Booba. Pour Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-Pénitentiaire, "le brouillage est essentiel: la radicalisation, la préparation d'évasions, et surtout, les trafics passent par les réseaux".
Or actuellement, on compte 804 brouilleurs en prison dont seuls 10% sont effectifs, rendus très vite obsolètes par les évolutions technologiques. Pour faire face, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé en janvier, d'une part, le déblocage d'une enveloppe de 15 millions d'euros dès cette année pour "garantir un brouillage effectif" des portables, et d'autre part, l'installation de 50.000 téléphones fixes en cellule, pour ne pas couper les détenus de leurs proches.
Le gouvernement a validé le projet, réclamé depuis des années par les associations de soutien aux détenus, après une expérimentation jugée "très positive" à la prison de Montmédy en 2016 et 2017, où l'installation des téléphones fixes a fait "baisser les tensions" et le nombre de saisies de portables.
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Anonyme
En Août, 2018 (21:39 PM)Participer à la Discussion