La France est en retard par rapport à plusieurs de ses voisins européens dans la lutte contre la corruption, selon un rapport publié mercredi qui devrait inciter François Hollande à honorer ses engagements pour enrayer ce phénomène. La France est notamment le seul pays, avec la Slovénie, où les déclarations de patrimoine et d'intérêts des parlementaires ne sont pas rendues publiques, conclut le rapport, réalisé par l'organisation anti-corruption Transparency. L'étude, qui compare l'efficacité des mécanismes anti-corruption de 25 pays européens, décerne les meilleurs notes aux pays scandinaves, suivis par l'Allemagne, la Finlande, la Suisse et le Royaume-Uni. La France ne fait pas partie de ces deux groupes d'Etats les plus performants et se situe au même niveau que les Pays-Bas et la Belgique. Maigre consolation, elle obtient cependant de meilleures notes que les deux cancres de la classe que sont la Bulgarie et la Roumanie. Les maillons faibles de la lutte contre la corruption en France sont le Parlement, l'exécutif et la justice, écrit Transparency. Les bons élèves sont les institutions financières, dont la Cour des comptes, et les organes de contrôle des élections. L'antenne française de Transparency avait dénoncé, dans un rapport publié en décembre dernier, le fait que la lutte contre la corruption ne se soit pas une priorité politique en France. Transparence International France déplorait par ailleurs le relatif désintérêt pour les affaires de corruption de l'opinion française, estimant qu'il conviendrait de la sensibiliser davantage à ces enjeux. DEUX POINTS NOIRS L'organisation avait ensuite publié en mars dernier un rapport sur le bilan en matière de lutte contre la corruption du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui relevait deux points noirs : l'indépendance de la justice et la prévention des conflits d'intérêts. François Hollande s'était engagé auprès de Transparency, avant son élection à la présidence de la République, à mettre en oeuvre un certain nombre de mesures pour rendre plus efficace la lutte contre la corruption. "Pour que notre pays se hisse enfin au niveau de ceux qui donnent le plus de garanties contre la corruption, nous attendons du gouvernement et du Parlement français qu'ils mettent pleinement en œuvre les engagements pris par le président de la République François Hollande", écrit Transparence International France dans un communiqué publié mercredi. L'organisation note qu'une première étape a été franchie sous la présidence de François Hollande avec l'adoption, dès le premier conseil des ministres, d'une charte de déontologie pour les membres du gouvernement. Le manque de transparence et d'intégrité dans la vie politique, de même que la défiance des citoyens à l'égard de leurs institutions, ne sont cependant pas spécifiques à la France, relève Transparence International France, qui pointe notamment du doigt des liens trop étroits entre le secteur privé et la classe politique dans tous les pays étudiés. Selon une enquête de la Commission européenne publiée en février 2012, 74% des Européens estiment que la corruption est un problème croissant dans leur pays. Ce sentiment est confirmé par le rapport publié mercredi, selon lequel 75% des parlements européens ont des mécanismes d'intégrité insuffisants ou mal appliqués, note Transparency.
Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse
2 Commentaires
Flopaty
En Juin, 2012 (14:12 PM)Coye Bou Reuye
En Juin, 2012 (15:50 PM)Participer à la Discussion