Toujours pas d'issue en vue à la crise qui secoue le Chili. Après une semaine de protestations, parfois violentes, les Chiliens ne relâchent pas la pression sur leur gouvernement qui semble paralysé face à une explosion sociale, nourrie d'années de frustrations socio-économiques, qu'il n'a pas vu venir.
Quartiers pauvres et quartiers riches, tous mobilisés
Affrontements avec les forces de l'ordre, centaines de pillages, manifestations qui culminent vendredi 25 octobre à Santiago avec une mobilisation historique de près d'un million de personnes: une semaine après le début de la contestation, déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro, la rue ne cède pas et la liste des revendications ne cesse de s'allonger.
Retraites décentes, santé et éducation abordables, baisse des prix des médicaments... mais aussi démission du président conservateur Sebastian Pinera ou nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de la période de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
Un manifestant brandit un drapeau national chilien, au miliei des flammes, lors d'un manifestation antigouvernementale à Concepcion, au Chili, le 25 octobre 2019.
Des revendications de justice sociale aux exigences de transformation politique, "laquelle de ces deux dimensions va être la clé pour gérer une sortie à la crise sociale et politique que vit le pays, il est difficile de le dire", estime Marcelo Mella, politologue à l'Université de Santiago.
Mais avec plus d'un million de personnes mobilisés dans les rues du pays, la contestation ne se limite plus aux seules revendications des plus défavorisés. "Dans cette explosion sociale, il y des gens qui ont beaucoup de colère, mais également, et c'est inédit, se joignent aux manifestations des habitants de quartiers plus aisés", relève Genaro Cuadros, professeur d'urbanisme social à l'Université Diego Portales.
Gilets jaunes chiliens
Dès le début des protestations, le président Pinera, élu en 2017, a été critiqué pour ne pas avoir pris la mesure de la crise. Pour preuve, sa demande de "pardon" à la population, après avoir considéré le Chili comme un pays en "guerre". "Jamais un gouvernement n'a été aussi incompétent pour gérer une crise au point que les policiers n'ont pas été suffisants et qu'on a fini avec les militaires dans la rue", estime Genaro Cuadros.
Pour l'heure, Sebastian Pinera s'accroche à son "agenda social", avec l'annonce mardi d'une batterie de mesures dont une hausse du minimum vieillesse, davantage d'impôts pour les plus riches, gel de l'augmentation du prix de l'électricité.
Mais "la majorité de ces mesures renforcent les dépenses publiques et pèsent sur l'État, plutôt que d'avancer sur la régulation" du modèle économique chilien et de ses inégalités, juge Marcelo Mella.
Pour le politologue, l'absence de dirigeants d'un mouvement contestataire particulièrement hétérogène représente aussi "un grand défi" pour le pouvoir.
Plusieurs journaux chiliens ont d'ailleurs fait le parallèle entre la fronde chilienne et la crise des Gilets jaunes en France, rappelant que la "recette" du président français, Emmanuel Macron, pour sortir de la crise avait été l'organisation d'un "grand débat" national.
État d’urgence
En décidant de déclarer l'état d'urgence dès les premières violences le 18 octobre, avec à la clé des milliers de militaires ans les rues, le président chilien s'est attiré les foudres des protestataires, dans un pays encore très marqué par une dictature qui a fait 3 200 morts et disparus.
En cas de troubles, ce type de décision "est la dernière, ou l'avant-dernière" que prend un gouvernement. Dans le cas du Chili, cela a été la première", relève Marcelo Mella, pour qui le pouvoir s'est ainsi piégé lui-même.
Dans une tentative d'apaisement, le chef de l'État a annoncé jeudi la possibilité d'une levée prochaine des mesures d'exception. Mais quelle est sa marge de manœuvre face au risque d'une persistance des violences ?
"Il va falloir que le gouvernement soit très agressif dans le processus de réformes (...) et capable d'un dialogue politique le plus large possible" pour y répondre, estime Marcelo Mella.
Des centaines de supermarchés, de commerces, d'entreprises saccagées ou incendiées, des touristes qui reportent leur séjour, des dégâts majeurs dans le métro. Selon les médias locaux, les destructions se chiffrent à plus de 900 millions de dollars et touchent directement 400 000 employés.
Mais dans ce pays qui est parmi les plus stables économiquement d'Amérique latine, "il est peu probable que (les manifestations) aient un coût économique significatif", note le cabinet Latin America Economic. La Bourse de Santiago n'a montré aucune fébrilité et le peso chilien est resté stable.
Mais avec plus d'un million de personnes mobilisés dans les rues du pays, la contestation ne se limite plus aux seules revendications des plus défavorisés. "Dans cette explosion sociale, il y des gens qui ont beaucoup de colère, mais également, et c'est inédit, se joignent aux manifestations des habitants de quartiers plus aisés", relève Genaro Cuadros, professeur d'urbanisme social à l'Université Diego Portales.
Gilets jaunes chiliens
Dès le début des protestations, le président Pinera, élu en 2017, a été critiqué pour ne pas avoir pris la mesure de la crise. Pour preuve, sa demande de "pardon" à la population, après avoir considéré le Chili comme un pays en "guerre". "Jamais un gouvernement n'a été aussi incompétent pour gérer une crise au point que les policiers n'ont pas été suffisants et qu'on a fini avec les militaires dans la rue", estime Genaro Cuadros.
Pour l'heure, Sebastian Pinera s'accroche à son "agenda social", avec l'annonce mardi d'une batterie de mesures dont une hausse du minimum vieillesse, davantage d'impôts pour les plus riches, gel de l'augmentation du prix de l'électricité.
Mais "la majorité de ces mesures renforcent les dépenses publiques et pèsent sur l'État, plutôt que d'avancer sur la régulation" du modèle économique chilien et de ses inégalités, juge Marcelo Mella.
Pour le politologue, l'absence de dirigeants d'un mouvement contestataire particulièrement hétérogène représente aussi "un grand défi" pour le pouvoir.
Plusieurs journaux chiliens ont d'ailleurs fait le parallèle entre la fronde chilienne et la crise des Gilets jaunes en France, rappelant que la "recette" du président français, Emmanuel Macron, pour sortir de la crise avait été l'organisation d'un "grand débat" national.
État d’urgence
En décidant de déclarer l'état d'urgence dès les premières violences le 18 octobre, avec à la clé des milliers de militaires ans les rues, le président chilien s'est attiré les foudres des protestataires, dans un pays encore très marqué par une dictature qui a fait 3 200 morts et disparus.
En cas de troubles, ce type de décision "est la dernière, ou l'avant-dernière" que prend un gouvernement. Dans le cas du Chili, cela a été la première", relève Marcelo Mella, pour qui le pouvoir s'est ainsi piégé lui-même.
Dans une tentative d'apaisement, le chef de l'État a annoncé jeudi la possibilité d'une levée prochaine des mesures d'exception. Mais quelle est sa marge de manœuvre face au risque d'une persistance des violences ?
"Il va falloir que le gouvernement soit très agressif dans le processus de réformes (...) et capable d'un dialogue politique le plus large possible" pour y répondre, estime Marcelo Mella.
Des centaines de supermarchés, de commerces, d'entreprises saccagées ou incendiées, des touristes qui reportent leur séjour, des dégâts majeurs dans le métro. Selon les médias locaux, les destructions se chiffrent à plus de 900 millions de dollars et touchent directement 400 000 employés.
Mais dans ce pays qui est parmi les plus stables économiquement d'Amérique latine, "il est peu probable que (les manifestations) aient un coût économique significatif", note le cabinet Latin America Economic. La Bourse de Santiago n'a montré aucune fébrilité et le peso chilien est resté stable.
1 Commentaires
Lune
En Octobre, 2019 (11:29 AM)Le social risque de prendre le dessus sur l'environnement...
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