La république islamique a promis de venger la mort de son général, tué vendredi en Irak par une frappe américaine. Téhéran promet un « cauchemar historique » à « tous les Américains ». Sur le terrain, les partenaires des Etats-Unis jouent la carte de la prudence.
L'escalade rhétorique se poursuit entre l'Iran et les Etats-Unis. Alors que Donald Trump multiplie les menaces de représailles en cas d'attaque contre des intérêts américains, Téhéran a annoncé ce mardi qu'elle planche sur treize scénarios différents pour venger la mort de son général Qassem Soleimani, tué vendredi à Bagdad par une frappe de drone américain.
« Les Américains doivent savoir que pour l'heure treize scénarios de vengeance ont été débattus au sein du conseil. Même si le consensus se forme autour du scénario le plus faible, sa mise en oeuvre pourra être un cauchemar historique pour tous les Américains » a déclaré Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, cité par l'agence iranienne Fars.
Les forces armées américaines classées comme « terroristes »
Cette déclaration fait écho à celle du président américain, qui affirmait le week-end dernier que 52 sites iraniens avaient été identifiés et pouvaient être la cible de frappes si l'Iran passait à l'offensive.
La bataille sémantique ne s'est pas arrêtée là. En parallèle, le Parlement iranien a adopté en urgence ce mardi une loi classant toutes les forces armées américaines comme « terroristes ». Les députés ont amendé un texte récent, qui concernait déjà les troupes de Washington déployées de la Corne de l'Afrique à l'Asie centrale, pour y inclure le Pentagone et l'ensemble de l'armée américaine.
Visa refusé au chef de la diplomatie iranienne
Votée initialement en avril 2019, cette loi affirme que l'Iran « considère le régime des Etats-Unis comme un Etat parrain du terrorisme ». Elle est présentée comme « une mesure de réciprocité », alors que Washington classe les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, sur la liste des « organisations terroristes étrangères ».
Les Etats-Unis, de leur côté, ont refusé lundi d'accorder un visa au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui devait assister à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU à New York jeudi.
Sur le terrain, la situation reste confuse. Alors qu'une lettre de l'armée américaine annonçant la préparation d'un retrait des troupes présente en Irak a fuité dans la presse lundi soir, le Pentagone a démenti cette information dans la foulée.
L'Allemagne déplace une partie de ses troupes
Parmi les membres de la coalition de lutte contre le groupe Etat islamique, l'heure est d'abord à la prudence. L'armée allemande a annoncé ce mardi une réduction provisoire de ses effectifs en Irak, avec le transfert d'une trentaine de militaires - sur les 120 que compte Berlin dans le pays - au Koweït et en Jordanie.
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, n'a pas exclu un retrait plus important, affirmant qu'un départ d'Irak était « une réflexion que nous devons tous avoir » au vu du contexte. « Il n'y a aucun pays membre de la coalition anti-EI qui veuille rester en Irak s'il n'y est pas désiré », a-t-il ajouté, alors que le Parlement irakien a voté dimanche une motion demandant le retrait de la coalition internationale du pays.
Le Royaume-Uni, de son côté, a annoncé que ses effectifs au sein des ambassades britanniques en Iran et en Irak ont été réduits au minimum. Selon la chaîne Sky News, qui cite des sources diplomatiques, il s'agit là d'une mesure de précaution ne reposant sur aucune information précise. Les ambassadeurs à Bagdad et Téhéran resteront à leur poste.
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