L‘avocat belge de Salah Abdeslam a demandé jeudi aux juges de déclarer irrecevables pour vice de procédure les poursuites en Belgique contre le dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. En cause, la langue française employée par le juge néerlandophone qui a rédigé l‘ordonnance désignant le juge chargé de l‘instruction du dossier, un mélange linguistique contraire selon lui à une loi belge de 1935 sur l‘emploi des langues.
“C‘est un vrai problème” a déclaré Sven Mary, avant d‘appeler les juges à “rendre les poursuites irrecevables”. La Belgique compte trois langues officielles, le français, le néerlandais et l‘allemand, dont l‘usage dans les instances publiques fait l‘objet de règlements serpentins. Le parquet fédéral a requis la peine maximale, 20 ans de réclusion, contre Salah Abdeslam pour tentative d‘assassinat sur des policiers et possession illégale d‘armes dans un contexte terroriste, dans le cadre d‘une fusillade à Bruxelles précédant son arrestation du 18 mars 2016 à Molenbeek (Bruxelles).
Le djihadiste présumé, qui doit encore être jugé en France pour son rôle dans les attentats de Paris, n‘a pas souhaité assister au deuxième jour d‘audience de son procès. Il est rentré jeudi en début d‘après-midi dans sa cellule de Fleury-Mérogis (Essonne) depuis la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) où il était incarcéré depuis lundi pour faciliter les transferts vers la Belgique, a-t-on appris auprès de la direction de l‘administration pénitentiaire.
Dans sa plaidoirie, Sven Mary a tenté de faire valoir que la qualification terroriste ne s‘appliquait pas, dans la mesure où son client n‘avait pas cherché à intimider la population mais à s‘enfuir face à des policiers. Il a estimé en outre que seul le troisième occupant de l‘appartement, l‘Algérien Mohamed Belkaïd tué pendant l‘assaut, avait tiré sur les policiers. L‘avocat est cependant resté prudent sur l‘attitude adoptée par Salah Abdeslam lundi, quand ce dernier a fustigé une justice qui traite selon lui les musulmans “de la pire des manières”. “Salah est un stoïcien, il accepte le sort qui sera le sien”, a-t-il dit.
Robert-Jan Bartunek, avec Julie Carriat à Paris, édité par Yves Clarisse
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