Le maintien de Stéphane Richard à la tête d'Orange après sa mise en examen se jouera dans les prochains jours, le gouvernement affirmant que la question se pose tandis que les syndicats de l'opérateur sont partagés.L'ex-directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde (2007-2009), a été mis en examen mercredi pour "escroquerie en bande organisée" dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage dont a bénéficié en 2008 Bernard Tapie pour le litige l'opposant au Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas.Le gouvernement a dès jeudi annoncé qu'il allait déposer un recours en révision pour faire annuler l'arbitrage qui a accordé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires.Un porte-parole d'Orange a déclaré mercredi à Reuters que ce nouveau développement judiciaire n'avait pas de "conséquences sur les activités de Stéphane Richard", 51 ans, à la tête de l'entreprise. Le PDG est retourné à son bureau jeudi matin.Le conseil d'administration d'Orange se réunira "en début de semaine prochaine" pour examiner la situation, a précisé jeudi sur RTL Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Economie numérique.Priée de dire si la question du maintien de Stéphane Richard, qui s'est prévalu du soutien de François Hollande avant sa mise en examen, était posée, elle a répondu par l'affirmative en assortissant son propos de précautions."Toutes les décisions qui seront prises dans les jours qui viennent devront être prises dans l'intérêt de l'entreprise uniquement", a-t-elle souligné. "Ce qui prime avant tout, c'est l'entreprise Orange, ce sont les 170.000 salariés d'Orange"."L'IMAGE DU PATRON EST DÉGRADÉE"Trois administrateurs sur 15 représentent l'Etat français, qui détient 27% du capital de l'entreprise. Leur position est actuellement en discussion, a dit Fleur Pellerin. "Ce qui est en cause, ce n'est pas la façon dont il a dirigé l'entreprise jusqu'à présent, c'est bien de savoir si la décision qui a été prise le fragilise", a poursuivi la ministre."Je pose la question sans y apporter de réponse, la réponse peut être négative", a-t-elle précisé.Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a laissé entendre mercredi que la décision sur l'avenir du PDG d'Orange ne serait pas d'ordre politique, alors que les services du Premier ministre Jean-Marc Ayrault avaient annoncé qu'il faudrait "tirer les conséquences" de sa mise en examen.Les syndicats, qui disposent de trois représentants (Sud, CGT, CFDT) au conseil d'administration (voire quatre, avec le représentant du personnel qui est affilié à FO), sont divisés sur le sort de Stéphane Richard, qui est maître du calendrier de la convocation de cette réunion.Pour Christian Pigeon (Sud), "il paraît difficile de garder Richard à la tête du groupe en termes d'image". "L'image du patron est dégradée, elle ne permet pas de représenter le groupe", a-t-il dit à Reuters.Mais il ne s'agit pas d'"une question de simple mathématique" au sein du conseil d'administration, la responsabilité de la décision incombe à l'Etat, dit-il.PARENTHÈSELa CGT s'en remet également à l'Etat, en faisant valoir la "gravité" des termes de la mise en examen du PDG d'Orange."L'Etat a proposé Richard, alors il devra décider de son avenir", a dit à Reuters Christian Mathorel, délégué CGT. "Le PDG doit s'interroger sur la pertinence de rester". La CFDT, par la voix de son délégué Laurent Liche, s'est déclarée défavorable jeudi à une démission. "On sort d'une crise sociale qui nous quand même malmenés, on n'a pas besoin de ça à un moment où le secteur des télécoms est vraiment en difficulté en France comme en Europe", a-t-il dit sur i>TELE.La CFE-CGC/Unsa, qui ne siège pas au conseil d'administration, plaide pour la continuité à la tête d'Orange."Il nous faut un capitaine à la tête du navire et nous entendons que ce capitaine soit Stéphane Richard", a dit Sébastien Crozier sur BFM Radio.Pierre Gattaz, candidat à la présidence du Medef, a souhaité sur France Info que l'Etat veille à ne pas "déstabiliser" l'opérateur. "Stéphane Richard est un grand patron, (...) il est innocent jusqu'à preuve du contraire", a-t-il dit.Le député socialiste Christian Eckert, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, a estimé sur LCI que Stéphane Richard ne pourrait rester à la tête d'Orange."Quand on a été haut fonctionnaire et qu'on fait l'objet de poursuites de cette nature, il faut qu'au moins pendant un temps, il ouvre cette parenthèse", a-t-il dit.Sophie Louet avec Leila Abboud, édité par Yves Clarisse
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