L’appel de Jean-Luc Mélenchon à une fédération populaire de gauche à l’issue des élections européennes du 26 mai laisse mercredi sceptique le PS, qui critique la sincérité de cette main tendue et note la persistance de divergences de fond. “Si l’élection nous en donne la force, nous assumerons de nouveau notre responsabilité. Nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux”, déclare Jean-Luc Mélenchon dans un entretien à Libération paru mercredi.
“Cela ne peut pas être une simple collection de signatures de partis. Je me répète : tout le monde doit se mettre au service de la fédération du peuple”, poursuit-il, avant d’évoquer de nécessaires “clarifications”. “Il faut aussi clarifier les positions. Soutient-on ou non le mouvement des gilets jaunes ? Le PS se sépare-t-il du SPD qui participe à une coalition avec Merkel ? Pourquoi soutiennent-ils Frans Timmermans pour la présidence de la Commission sur des idées libérales ?”, dit-il.
Il y a un an, dans les mêmes pages, le chef de file de La France insoumise avait défendu la formation d’un “front populaire”, dans le sillage des manifestations du 1er-Mai et des grèves de cheminots. La tête de la liste du Parti socialiste aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, a estimé sur Sud Radio : “Je préfère le ton de Jean-Luc Mélenchon dans son interview à Libération que celui qu’il avait auparavant. Mais il y a des divergences de fond avec France Insoumise.”
“C’est un aveu d’échec pour Jean-Luc Mélenchon, il a longtemps refusé jusqu’à l’idée même de rassembler la gauche, parce qu’il considérait qu’il n’était pas de la gauche mais du peuple”, a jugé sur Europe 1 le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. “C’est comme toujours pour toutes celles et ceux qui veulent rassembler, c’est je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi. C’est comme ça qu’on n’y arrive jamais”, a-t-il poursuivi.
Sur fond de divisions internes, parfois exposées en public comme récemment par le politologue Thomas Guénolé (accusé en retour de harcèlement sexuel par LFI), la formation oscille entre 7 et 8,5% des intentions de vote pour le scrutin du 26 mai, soit plus de dix points de moins que le score obtenu par Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle.
LFI est créditée de 8,5% des suffrages (à égalité avec Europe Ecologie-Les Verts), tandis que l’alliance PS-Place publique rassemblerait 6%, selon la dernière édition du sondage quotidien Ifop-Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud Radio, En ajoutant le Parti communiste emmené par Ian Brossat (2,5%) et le mouvement de Benoît Hamon, Génération.s (3%), l’ensemble des composantes de gauche sont créditées de 28,5% des suffrages.
Julie Carriat, avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse
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