Le sinistre survenu lundi soir a profondément touché outre-Rhin. Beaucoup d'Allemands, à commencer par les politiques, ont manifesté leur soutien à la France. Le président allemand a également encouragé ses concitoyens à participer à la restauration de la cathédrale.
L'Allemagne désolée apporte son soutien à Notre-Dame de Paris
«L’enfer du feu», titrait mardi le tabloïd allemand Bild, faisant sa une sur Notre-Dame – comme à peu près toute la presse outre-Rhin, du Tagesspiegel au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les Allemands ont été, eux aussi, profondément affectés par la catastrophe survenue lundi soir à Paris, et leurs politiques parmi les premiers à envoyer des messages de soutien à la France.
«Nous sommes touchés au cœur», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas (SPD, sociaux-démocrates), tandis qu’Angela Merkel déclarait, via son porte-parole, être «peinée» de voir Notre-Dame, «symbole de la France et de notre culture européenne, en flammes». Le ministre-président de Sarre, Land frontalier de la France, Tobias Hans (CDU, chrétiens-démocrates) a tweeté en français : «Pour nous en Sarre, c’est aussi notre monument culturel.» Sa prédécesseure à ce poste, la cheffe de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, citait, en français aussi, Corneille : «Percé jusques au fond du coeur (sic), ces mots de Corneille décrivent ce que nous ressentons à la vue des flammes.»
Mardi, le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, lançait un appel aux dons à l’adresse de ses concitoyens : «Notre-Dame n’est pas seulement une église française, a-t-il déclaré. Elle constitue un exemple important de l’héritage culturel européen.»
Inquiétude autour de la cathédrale de Cologne
En Allemagne, les yeux se sont également tournés vers l’un des plus importants monuments du pays, la cathédrale de Cologne. Ce chef-d’œuvre gothique, dont l’édification a commencé en 1248, est le monument le plus visité du pays. Selon une architecte interrogée par la radio locale Westdeutscher Rundfunk Köln (WDR), cependant, le Kölner Dom n’aurait pas pu brûler avec la même rapidité et la même intensité que Notre-Dame, sa charpente étant largement composée de fer.
Si la presse, notamment écrite, a suivi l’événement avec une grande assiduité, beaucoup d’Allemands se sont plaints du manque de réactivité de leur télévision publique. En effet, lundi soir, en dehors des cases dédiées aux JT sur l’ARD ou la ZDF, il fallait se brancher sur des chaînes étrangères pour avoir des informations en temps réel sur le désastre en cours. «Des millions de gens s’enfièvrent avec Notre-Dame, l’un des lieux les plus importants en Europe. Alors pourquoi doit-on allumer CNN alors que l’ARD montre un film animalier ?» a ainsi tweeté lundi soir, un brin excédé, le ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (CDU), Armin Laschet, résumant le sentiment général.
Millionen Menschen fiebern mit der Kirche Notre Dame in Paris, einem der bedeutendsten kulturellen Orte in Europa. Warum muss man @CNN einschalten während die @ARD_Presse Tierfilme zeigt?
— Armin Laschet (@ArminLaschet) 15 avril 2019
L’ARD diffusait en effet un documentaire sur les tigres, et la ZDF un «Krimi», ces fictions policières dont les Allemands sont très friands.
L’extrême droite convaincue d’une attaque antichrétienne
Quant à l’extrême droite, toujours prompte à dégainer des propos islamophobes et xénophobes à chaque fait divers, elle s’est manifestée notamment en la personne d’Alice Weidel. Dès lundi soir, la coprésidente du groupe AfD au Bundestag a évoqué une attaque antichrétienne : «Pendant la semaine pascale, #NotreDame brûle. En mars : la deuxième plus grande église Saint-Sulpice brûle. En février : 47 agressions en France. L’Observatoire de l’intolérance et la discrimination des chrétiens en Europe dénonce une hausse significative», a-t-elle tweeté. Dans les médias d’extrême droite allemands et autrichiens, beaucoup, comme elle, remettaient en cause l’hypothèse d’un accident – et peu importe si tout cela venait contredire les déclarations du procureur de la République de Paris.
Enfin, tout comme la France, l’Allemagne vit actuellement un regain d’intérêt pour l’œuvre de Victor Hugo ; dans les librairies en ligne les consommateurs se précipitent, eux aussi, sur Notre-Dame de Paris,autrement dit, en version allemande : Der Glöckner von Notre-Dame.
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