Des habitants du bidonville de Mathare à Nairobi, le 1er janvier 2008 © AFP Tony Karumba |
Les violences dans la vallée du Rift, notamment à Eldoret, pourraient être décrites comme un "nettoyage ethnique", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police kényane. "Une ethnie prend pour cible une autre ethnie dans ce qui peut véritablement être qualifié de nettoyage ethnique", a-t-il dit.
Localisation des émeutes au Kenya © AFP/Infographie |
"Quante-deux personnes ont été transportées à l'hôpital, grièvement brûlées, mais je ne peux pas confirmer le nombre de morts dans l'église", a par ailleurs indiqué un responsable de la Croix-Rouge locale.
Les victimes s'étaient rassemblées dans l'édifice pour fuir les violences, selon ces sources.
Au cours de la nuit, 18 personnes avaient été tuées à Eldoret, selon la police, qui y a reçu l'ordre de tirer à vue.
Dénonçant "une tuerie insensée", la Croix-Rouge kényane a estimé qu'au moins 70.000 personnes avaient été déplacées dans l'ouest du pays par les violences qui ont accompagné la réélection contestée du président Mwai Kibaki. Des images aériennes montre des centaines de maisons et huttes incendiées et des barrages routiers installés tous les dix kilomètres sur les routes.
Des membres de la Croix-Rouge évacuent un blessé, le 1er janvier 2008 à Nairobi © AFP Simon Maina |
Plusieurs centaines de Kényans appartenant à la tribu Kikuyu du président réélu Mwai Kibaki se sont réfugiés en Ouganda voisin, ont indiqué des responsables ougandais. Ces Kényans fuient, selon eux, des opérations de police et des actes de vengeance d'autres tribus loyales au chef de l'opposition Raila Odinga, vaincu officiellement lors de l'élection présidentielle du 27 décembre.
Kisumu et Eldoret, situées à environ 80 km à l'est de la frontière avec l'Ouganda, sont les deux villes kényanes les plus touchées par les violences.
Mardi matin, 55 nouveaux cadavres, dont la plupart portant des blessures par balles, étaient rassemblés à la morgue à Kisumu, fief de Raila Odinga, selon des sources concordantes. Dix personnes ont également été tuées dans l'incendie criminel de leur maison à Mombasa (ouest).
Ces violences sont les pires dans le pays depuis une tentative de coup d'Etat avortée en 1982.
L'Union africaine et l'Union européenne ont appelé mardi à "la retenue" et au "dialogue" le président Mwai Kibaki et le chef de l'opposition Raila Odinga.
Ayant téléphoné aux deux hommes, le Premier ministre britannique Gordon Brown les a appelés à "se parler" et à "explorer la possibilité qu'ils puissent se rassembler dans un gouvernement".
Comme en réponse, M. Kibaki a convenu "que les dirigeants des partis politiques devraient se rencontrer immédiatement et appeler publiquement au calme", selon un communiqué de la présidence.
L'opposant Raila Odinga avait auparavant averti dans un entretien à la BBC qu'il n'accepterait de "négocier" avec le président sortant que s'il reconnaissait avoir perdu les élections. "Les voix peuvent être recomptées (...), avait-il dit. Nous sommes disposés à faire venir une équipe internationale de juges".
La police a interdit une "marche pacifique" prévue jeudi à l'appel de l'opposition dans le plus grand parc du centre de Nairobi.
M. Odinga avait accusé dimanche le président sortant de fraude sur au moins 300.000 voix. L'écart officiel entre les deux candidats est de 231.728 voix.
La mission d'observation de l'Union européenne des élections générales kényanes a demandé mardi une enquête indépendante sur les résultats de la présidentielle, estimant qu'elle n'avait "pas respecté les critères internationaux et régionaux d'élections démocratiques".
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